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La valise de l’écrivain : 5 livres pour apprendre à écrire un roman

Écrire un roman prend du temps, de l’énergie. Écrire un roman exige créativité et originalité. Mais l’exercice en vaut la peine. Vous voulez écrire et ne savez par où commencer ? Voici cinq ouvrages qui vont être à la fois des guides et des supports vers lesquels vous reviendrez régulièrement.

Autoportrait de l’auteur en coureur de fond, de Haruki Murakami

Le texte est court et très introspectif. Ouvrir cet ouvrage, c’est entrer dans un huis-clos. Les protagonistes ? La course à pied, l’auteur et l’écriture. Longtemps, Haruki Murakami a négligé son corps. Jusqu’au jour où un déclic le mène vers la course, puis vers une véritable addiction à cette même course à pied. Plus un jour ne passe sans que l’écrivain ne coure. Ce rapport au corps, Haruki Murakami en parle en termes très éloquents. Car c’est son corps en mouvement qui prépare l’écriture, qui mouline les idées, qui en capte d’autres, qui dessine des univers, etc. La course quotidienne enseigne à l’écrivain la patience, la ténacité et la persévérance. Un livre qui plaira à celles et ceux qui aiment les défis.

Le conseil que je retiens
« En ce qui me concerne, la plupart des techniques dont je me sers comme romancier proviennent de ce que j’ai appris en courant chaque matin. Tout naturellement, il s’agit de choses pratiques, physiques. Jusqu’où puis-je me pousser ? Jusqu’à quel point est-il bon de s’accorder du repos et à partir de quand ce repos devient-il trop important ? Jusqu’où une chose reste-t-elle pertinente et cohérente et à partir d’où devient-elle étriquée, bornée ? Jusqu’à quel degré dois-je prendre conscience du monde extérieur et jusqu’à quel degré est-il bon que je me concentre profondément sur mon monde intérieur ? »

L’écriture comme un couteau, de Annie Ernaux

Si vous n’avez jamais lu Annie Ernaux et que vous débutez avec cet ouvrage, sachez que vous aurez envie de dévorer son œuvre. Si vous avez déjà lu et relu Annie Ernaux et que vous vous penchez sur ce livre, vous comprendrez davantage l’écrivaine et la complexité autant que la disparité de son œuvre. Vous y retrouverez son cheminement, pourquoi son enfance la menait vers l’écriture, vous saurez quelle voix elle veut faire entendre en tant que femme, et plus précisément en tant que femme de son époque. 

Le conseil que je retiens
« J’ai commencé un journal intime quand j’avais seize ans, un soir de chagrin, à une époque où je ne prévoyais pas spécialement d’engager ma vie dans l’écriture. Si je me souviens de m’être appliquée à « bien écrire » au début, très vite la spontanéité l’a emporté : pas de ratures, pas de souci de forme ni d’astreinte à la régularité. (…) Cette attitude de spontanéité, cette indifférence à un jugement esthétique, ce refus du regard d’autrui (mes cahiers ont toujours été bien planqués !), j’ai continué de les avoir dans la pratique de mon journal intime quand j’ai commencé à écrire des textes destinés à être publiés. Je crois les avoir toujours, je veux dire, ne pas trop « prévoir » un lecteur. »

Les motifs de Laurent Mauvignier, entretien avec Pascaline David

Dans ce livre-entretien, Laurent Mauvignier se livre à Pascaline David, directrice des éditions Diagonale, et les pages que le duo nous sert sont tout simplement succulentes. Pour qui aime cet auteur qui chaque fois se réinvente, c’est un pur plaisir que de s’introduire dans son atelier, d’être invité dans son bureau, d’aller à la rencontre des auteurs qui l’inspirent. 

L’ouvrage démarre avec l’enfance et les déclencheurs de l’écriture. Il se poursuit avec les études aux Beaux-Arts, où Laurent Mauvignier fait des rencontres déterminantes. Vient alors le premier roman, suivi d’autres rencontres importantes, qui vont faire connaître l’auteur au public. Et puis l’ouvrage se poursuit avec l’écriture à proprement parler, effectuant des va-et-vient entre les différents romans, avec un focus particulier sur le dernier, Histoires de la nuit. Les temps aussi sont passés au crible, tout comme la ponctuation. Et enfin vient le rapport à l’éditeur. C’est un livre-entretien qui se dévore, et qu’on laisse près de soi pour y picorer de temps à autre quelques phrases qui ne peuvent que résonner.

Le conseil que je retiens
« Il faut parfois [d]es paroles extérieures pour regarder un texte comme il est et non comme on espérait qu’il soit. » 

Écriture, Mémoires d’un métier, de Stephen King

On ne présente plus cet ouvrage, qui constitue un classique de la valise de l’écrivain. Voilà un livre qui s’adresse vraiment à tous, et pas forcément qu’aux aspirants romanciers. Car Stephen King s’y livre comme jamais, n’hésitant pas à dévoiler des parts sombres de sa personnalité, et à replonger en enfance pour mieux expliquer l’irruption dans ses romans de certains personnages. Mémoires d’un métier est à la fois drôle et émouvant, en plus d’être terriblement instructif. L’écrivain décortique son processus créatif pour mieux nous délivrer conseils pratiques et techniques ingénieuses. 

Le conseil que je retiens
« Ne pas s’inquiéter de choquer. Si vous avez l’intention d’écrire aussi sincèrement que possible, vos jours dans la bonne société sont comptés, quoi qu’il arrive. »

Anatomie du scénario, de John Truby

J’ai découvert ce livre sur la recommandation d’un auteur de polars. Je ne savais absolument pas à quoi m’attendre, et j’ai été agréablement surprise par l’extrême praticité de cet ouvrage. Pas à pas, il mène l’auteur et/ou le réalisateur dans la construction de son idée de base, le guidant depuis la prémisse (votre histoire racontée en une phrase) jusqu’au tissage des scènes, en passant par la structure narrative, des personnages, ou de l’intrigue. En tant que romancière, j’y ai trouvé de nombreux conseils avisés, et j’y ai pioché nombres d’outils pleins de bons sens.

Le conseil que je retiens
« Bien raconter une histoire, ce n’est pas seulement raconter au public ce qui se passe dans une vie. C’est lui donner l’expérience de cette vie. »

Quelques mots pour conclure

Si ces ouvrages restent des appuis solides vers lesquels se tourner pour se rendre compte que les auteurs partagent les mêmes peines, les mêmes difficultés, les mêmes espoirs, j’aimerais rappeler à l’auteur en herbe quelque chose d’essentiel : un bon écrivain est un bon lecteur. Lisez, lisez, lisez ! Et concentrez-vous sur la musique des mots. Elle vous enseignera beaucoup ! 


Assmaâ Rakho-Mom est écrivaine, podcasteuse, chroniqueuse littéraire et boulimique de livres. Elle aime par-dessus tout écrire, raconter des histoires, mettre en scène des récits. Le faire sur divers supports, via différents canaux, et avec des styles variés la stimule grandement. Assmâa Rakho-Mom a été journaliste, correctrice, directrice de collection dans l’édition, chroniqueuse littéraire, avant d’arrêter ces activités pour se consacrer à l’écriture. En parallèle, elle a développé Bookapax, un compte Instagram dédié au livre et à l’écriture, puis un podcast littéraire, leBookapax Podcast. Elle est l’autrice de trois romans : Les cellules de la galère,  Le fils de Zahwa et Un territoire.

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