Conseils d'autoédition pour les auteurs | Kobo Writing Life France

Se préparer à une interview et se présenter en tant qu’autrice et auteur

Les interviews d’auteurs et d’autrices florissent à l’occasion de la rentrée littéraire et si certains et certaines sont rompus à l’exercice, il n’est pas toujours évident de s’y prêter. Pour vous aider à vous préparer, nous vous avons concocté un article avec quelques pistes de réflexion et astuces à appliquer pour se présenter, construire un storytelling autour de sa passion et pitcher son livre.

Construire le récit de votre parcours : l’équilibre entre clarté et émotions

Que ce soit avec un journaliste de presse écrite, à la radio, à la télévision ou lors d’un atelier ou d’une conférence à laquelle vous participez, vous n’allez pas pouvoir couper à la fameuse étape de présentation ! Pour ma part, ces premières minutes de rencontre étaient ma hantise au début de mon parcours (ça l’est un peu moins aujourd’hui même si je les appréhende encore). Je ne savais pas par où commencer ni ce qu’il me fallait dire. Je craignais de bafouiller, de ne pas être claire, de m’embrouiller et de perdre le fil. 

Mon astuce ? Je prenais des notes sur un bout de papier avec les dates de mes premières publications, des phrases qui me tenaient à cœur ou des réflexions sur l’écriture. Le fait d’avoir ces notes me rassurait, un peu comme un grigri ou un porte-bonheur. Je me disais que, sous l’effet du stress, j’allais peut-être oublier mon nom ou le titre de mon premier roman (je vous rassure, ce n’est jamais arrivé). Je crois que le fait d’écrire, d’avoir quelque chose de concret sous les yeux, clarifiait mon parcours et mes idées. Il est normal de se sentir démuni face à l’exercice et le fait d’être actif peut vous donner confiance. 

Pensez par exemple à des anecdotes personnelles, aux épreuves que vous avez traversées pour parvenir à croire en vos rêves et à publier vos manuscrits. Rappelez- vous les succès, la joie que vous avez ressentie lors d’événements qui vous ont marqué, gardez ces émotions en vous et exprimez-les ! Votre présentation aura plus de saveur si elle est humaine, personnelle, touchante. Personne n’a envie de lire ou d’écouter une liste de dates sans affects.

Autre astuce qui me rassurait beaucoup et que j’applique encore, surtout pour les interviews en direct ou les rencontres : je demande souvent au préalable à l’animateur·trice ou au journaliste de ne pas hésiter à me relancer si ma réponse est trop courte ou incomplète, entrez dans un dialogue avec lui ou elle rend l’exercice beaucoup moins intimidant. Dites-vous que vous pouvez compter sur eux pour vous aider et vous aiguiller en cas de besoin. Ce sont des professionnels et ils connaissent leur métier. 

Voici quelques questions qui pourront vous donner des pistes pour construire votre présentation :

  • Qu’est-ce qui vous a donné envie d’écrire ? Qu’est-ce qui vous anime, vous motive vraiment ?
  • Quelles sont les étapes clés de votre parcours d’auteur·ice ?
  • Quel est votre processus de travail ? vos méthodes ? vos routines ?
  • Avez-vous des auteurs, romancières préféré·es et pourquoi ?

Savoir pitcher votre roman 

Quand vous parlez de votre roman, le but est de trouver un équilibre subtil : donner envie de le lire sans pour autant en dévoiler toute l’intrigue. La bonne nouvelle ? Vous pouvez préparer le pitch de votre livre tranquillement chez vous, sans pression. De quoi parle votre livre ? Pourquoi avez-vous choisi ces thématiques et comment avez-vous travaillé ? Qui sont les personnages ?

Écrivez-en plusieurs versions, puis lisez-les à votre famille ou à vos ami·es et récoltez leurs avis pour améliorer votre présentation. À quel moment décroche-t-il ? Qu’est-ce qui les interpelle ?

Pour vous rassurer, dites-vous que vous aurez forcément les réponses aux questions qui concernent votre parcours ou votre texte car il s’agit de vous, de votre démarche, de votre roman. Vous ne pouvez pas « faire faux » ou donner de mauvaises informations ! Ayez confiance, il s’agit avant tout d’une discussion sur un sujet que vous connaissez sur le bout des doigts : vous et votre histoire. Le plus important est de rester vous-même et de transmettre votre enthousiasme pour votre passion. 

Les questions sans réponse

Il arrive parfois que les journalistes ou les animateurs posent des questions plus abstraites et moins pragmatiques. Une fois, on m’a demandé quelle influence avait l’écriture sur ma vie (et non la version plus répandue : « Quelle est l’influence de votre vie sur l’écriture ? ») et j’ai dû y réfléchir un long moment avant de répondre. Et je ne sais même pas si ma réponse avait un sens. On peut donc vous questionner sur des sujets ou des liens auxquels vous n’avez jamais réfléchi. Essayez de laisser parler votre cœur ou alors donnez-vous le droit de répondre que… vous n’avez pas la réponse. En tant qu’auteur, je ne conscientise pas tous les aspects et étapes du processus de création et c’est parfaitement normal.

Portez votre intention jusque dans le choix de vos vêtements

J’ai récemment visionné une vidéo de Fabien Olicard qui évoquait l’importance des vêtements non seulement sur l’image qu’ils donnaient de nous aux autres mais également sur l’impact qu’ils avaient sur nous-même. Il parle d’une étude où une partie des participants étaient invités à porter une blouse blanche et l’autre non. Il s’est avéré que ceux qui avaient revêtu la blouse avaient accompli les tâches confiées d’une manière plus sérieuse et plus qualitative. L’explication ? La blouse blanche revêt un aspect professionnel, légitime et sérieux, et cet aspect produit un comportement en conséquence. Fascinant, n’est-ce pas ?

Je ne suis pas en train de vous dire de vous habiller en médecin pour vous rendre à des salons ou à des interviews, mais à vous questionner peut-être sur l’aspect de votre personnalité que vous souhaitez mettre en lumière dans votre carrière d’auteur.

Je vous donne un exemple tiré de ma propre expérience. Dans la vie de tous les jours, et c’était encore plus véridique il y a quelques années, je porte plutôt des pantalons, des bottines et des tee-shirts relativement basiques. À l’époque de mes premiers salons et de mes premières interviews, j’ai réalisé que mes romans publiés attiraient davantage un public féminin et que mes textes m’aidaient à me connecter à la partie « femme » de ma personnalité. J’ai ainsi décidé de m’habiller en robe et en jupe pour me faire plaisir à chaque fois que je participais à une activité liée à mes livres. Ce n’était pas un déguisement, c’était une partie de moi que j’osais enfin assumer et montrer.

C’est l’occasion rêvée d’éveiller un côté de ce qui vous caractérise mais que vous ne révélez pas forcément à tout le monde. Le milieu du livre, pour moi, est source d’originalité, d’excentricité même, parfois. En fait, il est surtout source de liberté. 

Les différents types d’interviews et les points à prendre en compte

L’exercice de l’interview ne sera pas le même en fonction du média qui l’organise et il peut exiger une préparation plus ou moins longue. En radio ou en télévision, l’émission peut se dérouler en direct ou elle peut être enregistrée et cette simple information peut grandement influencer votre niveau de stress ! 

Le direct demande une grande concentration et exige de vous une bonne prononciation et des idées claires pour pouvoir transmettre au public les informations qui vous tiennent à cœur. Gardez en tête que c’est une superbe opportunité de se faire connaitre et de partager votre passion.

La presse écrite

Moi qui apprécie le face à face, j’aime beaucoup rencontrer les journalistes de presse écrite en tête à tête dans un café. Cet air de rendez-vous parvient à me donner l’impression que je suis en train de passer un bon moment dans un cadre moins formel, que je suis en train de faire connaissance avec quelqu’un qui m’accorde du temps et qui me considère (et c’est plutôt agréable, évidemment). Voyez-le comme un partage.

J’ai beaucoup plus de peine avec les interviews par téléphone qui, malgré la gentillesse de l’interlocuteur enlève une part d’humanité (et ajoute du stress à la bonne introvertie que je suis). 

Les journalistes de presse écrite ont tendance à emmagasiner énormément d’informations pour écrire leur article et vous serez sûrement surpris, les premières fois, de découvrir leur papier. Les trois quarts de ce que vous avez évoqué n’y figureront pas ! Mais cela leur permet de mieux appréhender leur sujet et de proposer un angle cohérent. Ce qui est appréciable ? La plupart d’entre eux vont vous proposer de relire l’article avant publication. 

Pour ces rendez-vous là, vous aurez le temps d’entamer un vrai dialogue. Et si votre discours et un peu chaotique, vous pourrez rectifier le tir. C’est, à mon sens, le type de rencontre le plus agréable et le moins stressant.

La radio

Vous pouvez être invité·e à la radio pour participer à une émission en direct ou à l’enregistrement d’une émission (ce qui est une variante un peu moins stressante… enfin, du moins, si vous pouvez couper et reprendre l’enregistrement).

Ce qui est bien à la radio, c’est que vous pouvez prendre vos notes et votre roman avec vous, personne ne les verra ! Rien ne vous empêche ainsi d’écrire au préalable votre discours ou ce que vous souhaitez dire pour l’avoir sous la main en cas de panique. Évidemment, le but est de paraître le plus naturel possible, pas de faire la lecture. Mais savoir que vous avez une solution en cas de problème, cela reste plus confortable. 

Je m’exerce souvent avant une interview radio : je répète mon pitch, mon parcours, des phrases sur mon roman, cela me rassure. Souvent, vous aurez un contact préalable avec la personne en charge de l’interview, si l’exercice s’avère difficile pour vous, n’hésitez pas à lui demander les questions qu’elle compte vous poser pour vous préparer en amont.

La télévision

Le maquillage, la coupe de cheveux, les vêtements que vous portez, vos expressions, votre communication non-verbale… tous ces éléments vont compter dans votre interview, la télévision est donc le média le plus complexe puisqu’il vous fait apparaitre dans votre entièreté !

De plus, le fait que l’interview reste ancrée quelque part et qu’elle soit ensuite souvent disponible en replay a le pouvoir de me tétaniser littéralement. J’ai l’impression qu’aucune erreur n’est tolérée et cette idée induit une pression monumentale chez moi. 

Lors de ma première interview télé en direct, j’avais tellement peur que j’avais la bouche aussi sèche qu’un cracker. J’ai eu la fausse bonne idée de prendre un chewing-gum avant d’entrer sur le plateau afin d’avoir assez de salive pour parler mais… à la première question, j’ai failli le cracher sur la table. Autant vous dire que j’étais mortifiée (non, je ne vous donnerai pas le lien pour la visionner même sous la torture. Je l’ai fait et j’ai failli changer de prénom tellement j’avais honte) ! 

Pour vous préparer, appliquez les mêmes conseils que pour la radio. Vous pouvez répéter avant. Choisissez des vêtements dans lesquels vous vous sentez à l’aise, soyez authentique et essayez au maximum de prendre du plaisir et de vous rappeler que cet exercice est intéressant et qu’il représente un challenge (c’est ce que j’essaye de me dire pour me motiver).

Autre conseil qui n’est pas évident à appliquer mais qui peut vous aider : visionnez votre interview après et analysez vos points forts et vos points d’amélioration. C’est difficile mais cela vous aidera pour la suite de votre carrière.

Quelques mots pour conclure 

Vous pouvez également appliquer toutes les astuces et les préparations citées dans l’article lorsque vous participez à des conférences ou à des ateliers dans lesquels vous devez vous présenter et parler de votre travail. 

Gardez en tête que les interviews sont de merveilleux moyens de vous faire connaître et de faire connaître votre roman. C’est un honneur d’être contacté·e par un ou une journaliste pour une interview alors profitez-en ! 


Caractéristiques de Cali Keys : adore les palmiers, les Bisounours, les Piña Colada et les fraises Tagada.
Lieu de vie : Suisse après un passage en Californie et des études à Paris.

Déteste se mouiller les chaussettes dans la salle de bains, terminer une boîte de biscuits (y en a plus après) changer le rouleau de papier toilette et arroser les plantes.
Côté édition, elle a publié son premier roman Mon Ex me colle à la peau en 2013 avant de travailler avec des éditeurs comme Milady, Prisma, Charleston, AdA et Hauteville. Son roman, L’amour à pleines dents ! a reçu le prix Diva de la meilleure romance 2017.
Ses genres de prédilection? La romance, la new romance, le new adult, le feel-good et la comédie romantique.
Elle a publié onze romans (et ne compte pas s’arrêter, elle est trop accro) et aime partager sa passion en animant des ateliers d’écriture. Depuis plus de 8 ans, elle soutient et accompagne des primo-romanciers dans leur désir d’écrire.
Elle a également animé la masterclass Romance pour Kobo et participe régulièrement à des tables rondes et des conférences sur l’art romanesque
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