On le sait, pour beaucoup d’autrices et d’auteurs, les routines d’écriture s’avèrent bénéfiques pour parvenir à terminer un manuscrit. Créer une habitude permettrait d’être plus efficace et d’envoyer à son cerveau le signal qu’il est temps de se mettre à écrire. Dans cet article, je vous livre des routines et des astuces d’écrivains à expérimenter pour vous lancer dans la rédaction de votre roman !
Stephen King : miser sur la discipline
Le maître de l’horreur a publié un livre Écriture : mémoires d’un métier que je conseille souvent aux romanciers et romancières que j’accompagne. Vous y trouverez de nombreux conseils et vous en apprendrez plus sur l’incroyable carrière de cet écrivain à succès ! Lui aussi a connu son lot d’échecs et a dû persévérer pour réussir à percer dans le domaine littéraire (il accrochait même les lettres de refus qu’il recevait à un clou).
Stephen King écrit tous les jours et se fixe un objectif quotidien de 2 000 mots. Il avoue ne pas quitter son bureau tant que son quota n’est pas atteint. Pour lui, l’écriture d’un premier jet ne devrait pas prendre plus de trois mois, soit le temps d’une saison.
J’ai testé sa méthode mais j’ai réalisé que ce rythme très soutenu ne me convenait pas. Je n’arrive tout simplement pas à produire autant de mots tous les jours ! Il ne faut pas oublier que cet auteur dédie dorénavant sa vie à l’écriture. Ne vous mettez donc pas trop de pression si vous travaillez toute la journée à l’extérieur et adaptez votre objectif à vos possibilités. Écrire 500 mots par jour vous permet déjà de réaliser des avancées significatives dans votre texte. Je crois que ce qui compte, et ce que nous pouvons retenir de cette routine, c’est la régularité qu’elle installe et la motivation générée par cet objectif quantitatif à atteindre.
Une autre astuce que j’ai souvent appliquée dans mes romans ? Son célèbre « kill your darlings » ou « tuez vos chéris » en français ! Stephen King nous conseille ainsi d’effacer les séquences qui ne servent pas l’avancée de notre intrigue. Vous avez peut-être rédigé un passage qui vous plait, qui vous amuse mais si celui-ci ne fait pas progresser votre histoire… coupez-le, il faut savoir s’en séparer (eh oui, je sais, ça fait mal au cœur).
Et puis l’auteur américain fait une sieste l’après-midi et comme on adore la sieste. On pourrait dire que sa routine fait indubitablement partie de nos routines préférées !
Marie Vareille : optimiser sa concentration
L’autrice qui a notamment écrit La vie rêvée des chaussettes orphelines avait mis en place une routine pour écrire lorsqu’elle travaillait encore dans le marketing : celle de se lever une heure plus tôt chaque matin. Son but ? Terminer son manuscrit ! À force de ténacité et de travail, Marie Vareille a publié ses premiers romans tout en gérant son autre carrière professionnelle. Aujourd’hui, elle consacre son temps à l’écriture et ses autres astuces pourront certainement vous être utiles. Avant de lancer sa session le matin, elle coupe les réseaux sociaux pour ne pas être influencée par les nouvelles du jour et ainsi se concentrer pleinement sur ses idées. Cette habitude vous évitera de vous déconcentrer à cause des notifications ou des vidéos de chatons en train de jouer avec du papier toilette !
La romancière applique également un conseil sorti tout droit du livre de Julia Cameron Libérez votre créativité : rédiger les pages du matin. Ces fameuses « pages du matin » ont pour but de vous vider la tête. On y écrit toutes les pensées qui encombrent notre cerveau en déposant noir sur blanc ce qui nous préoccupe, nous fait râler, nos divers soucis et on crée de la disponibilité. Pas de pression pour ces pages, elles servent de défouloir et le but n’est pas de faire de la littérature. Alors on souffle et on écrit pendant dix minutes sans s’arrêter !
Pour la suite de sa session, elle règle un chronomètre sur 2h ou 2h30 et travaille sur son texte sans s’arrêter. Vous pouvez parfaitement adapter ce temps en fonction de vos disponibilités ou de vos capacités de concentration. Le fait d’avoir un timing déterminé peut vous motiver à rester focalisé sur votre projet sans pour autant vous forcer à atteindre un objectif quantitatif.
Bernard Werber : cultiver sa curiosité
Le romancier qui a rencontré un succès phénoménal avec Les Fourmis commence sa journée par un petit-déjeuner copieux (personnellement j’adore ce conseil, surtout si on peut manger des cupcakes ou des pancakes !).
Il écrit dans des cafés, après avoir lu le journal, et consacre sa matinée à travailler sur ses romans, de 8h à 12h30. Depuis plusieurs années, je fais la même chose et le fait de quitter la maison me donne un rythme de travail et un rituel à suivre qui m’aide à avancer. Être dehors permet de se concentrer sur sa tâche et de donner de l’importance à son projet. Si vous aimez observer les gens, sortir de votre cocon et éviter les tentations nombreuses (Internet, le frigo, la sieste et j’en passe) ou les obligations domestiques qui vous appellent (ranger le salon, faire des lessives, s’occuper de l’administratif… toutes les joies du quotidien), vous allez adorer écrire dans des cafés. La suite de sa routine est également intéressante puisqu’il déjeune chaque jour avec une personne différente : des historiens, des scénaristes ou des scientifiques, afin d’acquérir de nouvelles connaissances. Puis il profite de l’après-midi pour cultiver sa créativité, pratiquer un sport, travailler sur d’autres projets ou dédier du temps à sa famille et à ses proches.
Expositions, lectures, cinéma et autres rendez-vous créatifs améliorent votre imaginaire et nourrissent vos idées ! Vous pouvez adapter cette routine à votre quotidien : planifiez des séances d’écriture à l’extérieur quand vous le pouvez et alimentez votre créativité en fonction de vos moyens et de vos intérêts.
Joël Dicker : suivre son intuition
L’écrivain suisse a une manière bien particulière de rédiger ses romans puisqu’il travaille sans plan ! Pour lui, le plaisir se trouve dans le fait d’ignorer ce qui se passe dans son histoire et de découvrir son intrigue au fur et à mesure de l’écriture. Je vous avoue que cette méthode me fascine parce que je suis incapable de la mettre en pratique. À l’inverse, j’ai tendance à conseiller l’utilisation d’outils de planification et de structure aux primo-romanciers et romancières qui me demandent des conseils pour débuter l’écriture d’un manuscrit.
Dans son processus, l’auteur fait donc confiance à ses personnages, des personnages qui évoluent en fonction des événements que le romancier voit surgir sur son chemin d’écriture. Il se plaît à observer leurs réactions et à les décrire pour développer et étoffer ses arcs narratifs. Cette méthode exige néanmoins un gros travail de réécriture et d’ajustement pour garder la cohérence du récit.
En effet, construire un plan précis permet de réduire le risque de se retrouver en panne. Plus vos idées et le déroulé de votre histoire sont clairs, plus vous pourrez vous concentrer sur l’écriture. N’hésitez pas à aller jeter un coup d’œil à la méthode du flocon de neige de Randy Ingermanson, elle pourra vous donner des pistes à suivre pour établir la structure de votre roman.
Le Genevois se fie donc à ces personnages et à son intuition pour cheminer jusqu’au point final et jusqu’à la phase de résolution. Je me rappelle l’avoir entendu confier dans une interview : « Je commence mon histoire par un meurtre… et je me demande moi-même qui a tué la victime ! ». J’ai trouvé ça génial (pas le meurtre hein, la manière de travailler) ! Alors, si l’idée vous séduit, ne vous enfermez pas dans un plan et laissez libre cours à votre imagination.
Aurélie Valognes : planifier ses étapes
Elle fait partie des romancières les plus lues de France depuis son Mémé dans les orties sorti en 2014 et vendu à plus d’un million d’exemplaires. Aurélie Valognes a d’ailleurs elle-même suivi les conseils de Bernard Werber pour se lancer dans l’écriture et, au vu de son succès, on peut en déduire qu’elle a trouvé la méthode qui lui réussit.
Elle explique que son travail se découpe en deux phases. La première dure environ quatre mois, quatre mois pendant lesquels elle effectue diverses recherches, se documente sur son sujet, réfléchit à son intrigue et à la manière d’étayer ses personnages. Ensuite, elle passe à la phase d’écriture et consacre environ deux mois à la rédaction du premier jet de son roman. Pour elle, planifier son intrigue et s’appuyer sur un plan lui permet d’éviter l’angoisse de la page blanche. Quand elle se met à écrire, elle déroule l’histoire dans sa tête à la manière d’un film et n’a plus qu’à retranscrire les scènes sur son ordinateur !
Quelques mots pour conclure
Pour ma part, sans mes routines ou sans cadre de travail, je n’aurais pas écrit un seul livre. Commencer, continuer et terminer un roman exige du temps, de la persévérance et de la rigueur. L’inspiration est un joli mythe mais les muses sont parfois boudeuses et si vous comptez sur elles pour travailler, vous risquez de vous retrouver esseulé.e !
En revanche, vous pourrez toujours vous appuyer sur votre système et votre méthode (écrire une heure avec un chronomètre, sortir dans un café, vous fixer un objectif de mots) pour avancer dans votre roman. Est-ce que ces routines et astuces vous parlent ? Avez-vous envie d’en tester quelques-unes ?
Caractéristiques de Cali Keys : adore les palmiers, les Bisounours, les Piña Colada et les fraises Tagada.
Lieu de vie : Suisse après un passage en Californie et des études à Paris.
Déteste se mouiller les chaussettes dans la salle de bains, terminer une boîte de biscuits (y en a plus après) changer le rouleau de papier toilette et arroser les plantes.
Côté édition, elle a publié son premier roman Mon Ex me colle à la peau en 2013 avant de travailler avec des éditeurs comme Milady, Prisma, Charleston, AdA et Hauteville. Son roman, L’amour à pleines dents ! a reçu le prix Diva de la meilleure romance 2017.
Ses genres de prédilection? La romance, la new romance, le new adult, le feel-good et la comédie romantique.
Elle a publié onze romans (et ne compte pas s’arrêter, elle est trop accro) et aime partager sa passion en animant des ateliers d’écriture. Depuis plus de 8 ans, elle soutient et accompagne des primo-romanciers dans leur désir d’écrire.
Elle a également animé la masterclass Romance pour Kobo et participe régulièrement à des tables rondes et des conférences sur l’art romanesque.
Merci pour cet article motivante! J’ai confiance que ça m’aidera a reprendre la cadence avec l’écriture mon roman. Merci Kobo!