Portraits d'écrivains

Interview de Lucie Castel, autrice et formatrice

Avec plus de 15 romans publiés et plusieurs bestsellers à son actif, Lucie Castel est une autrice confirmée, mais également une formatrice passionnée. 

Exigeante et audacieuse, Lucie Castel, aussi connue sous le nom de Oren Miller, s’est essayée à de nombreux genres (roman contemporain, feel good, polar, science-fiction, urban fantasy), sans se départir du style caustique et décalé qui la caractérise. Passée par l’autoédition avant d’être signée chez des éditeurs traditionnels, et désormais scénariste pour la télévision, elle transmet sa formidable expérience aux auteur.ices de Licares, institut qu’elle a co-fondé en 2019. Licares, L’Institut des Carrières Littéraires, propose aux auteur.ices une formation à distance de 9 semaines pour maîtriser les techniques et les stratégies éditoriales qui leur permettront de finaliser un roman d’une qualité professionnelle. 

Qu’est-ce qui fait, selon vous, un bon ouvrage ? 

Un ouvrage qui procure des émotions. Je suis convaincue qu’en matière de romans, de fiction, tous les lecteurs viennent chercher de l’émotion lorsqu’ils ouvrent le livre. Donc, à mon sens, un bon roman est un roman qui fait passer le lecteur par plusieurs émotions. Et pour pouvoir procurer des émotions à son lecteur, un auteur doit réussir un tour de magie : créer un univers et des personnages qui, l’espace d’une lecture, vont paraître vrais dans l’esprit du lecteur, assez pour qu’il soit touché par l’histoire.  

Quel a été pour vous l’ouvrage clé de votre carrière d’écrivaine ?  

Le Comte de Monte-Cristo de Alexandre Dumas.

Que retenez-vous de votre passage par l’autoédition ?  

Une véritable aventure. Toutes les étapes qui m’ont amenée à publier mon roman en autoédition représentaient chacune une aventure excitante mais aussi effrayante. Je découvrais, je testais, je recommençais et je pouvais mesurer les résultats. J’ai trouvé l’expérience extrêmement stimulante, d’autant qu’elle me permettait d’avoir le contrôle sur tout et cela correspond à ma nature.

Pourquoi avoir choisi de vous consacrer en partie à la formation des auteurs ?  

Parce que lorsque j’ai démarré ma carrière d’auteur, j’ai signé n’importe quoi avec n’importe qui et je l’ai fait, non pas parce que j’étais plus naïve et plus stupide que les autres, mais parce qu’à l’époque (il y a une dizaine d’années environ) il y avait bien moins d’informations disponibles sur Internet à propos du métier d’auteur. Il n’y avait rien qui expliquait ce qu’était ce métier, dans quel contexte on allait évoluer, quelles obligations étaient les nôtres, mais aussi quels droits étaient les nôtres, etc. La chaîne du livre est conçue pour produire de la précarité pour les auteurs. Ça ne vient pas d’une volonté consciente de leur nuire par quelques corps de métiers, mais parce que, historiquement, le monde du livre est opaque et multiplie les échelons dont l’auteur n’a aucune idée jusqu’à ce qu’il soit au pied du mur. Et il n’en a aucune idée parce que personne ne lui explique clairement. Quand j’ai commencé à être connue et installée, je me suis dit que j’allais faire quelque chose contre ce manque de formation, d’information et de professionnalisation des auteurs afin d’éviter à d’autres de faire les mêmes erreurs que moi. 

Qu’apprend-on lors des formations Licares ? 

Tout ce qu’il faut savoir quand on veut se lancer dans une carrière d’auteur professionnel, c’est-à-dire quand on ambitionne d’être publié et rémunéré pour notre écriture, que ce soit par le biais de l’édition traditionnelle ou de l’édition indépendante. On fait l’apprentissage des techniques narratives, parce qu’écrire un roman, ce n’est pas écrire sa liste de courses, on y apprend à décrypter un contrat d’édition, à comprendre le rôle de chacun des tiers avec lesquels un auteur est amené à travailler, mais on apprend aussi la manière de se déclarer vis-à-vis de l’État, etc. Bref, on a conçu Licares comme une école qui forme les auteurs à exercer un vrai métier, en pleine évolution, et il était quand même temps que la France s’y mette. 

Quelle est la qualité principale, selon vous, lorsque l’on veut devenir écrivain ?  

L’humilité. Trouver une idée de roman, bâtir des personnages, écrire, aller au bout de son histoire sont déjà des étapes complexes qui demandent persévérance, patience et rigueur. Mais, ce qui est le plus compliqué pour un auteur qui devient professionnel, c’est d’accepter que d’autres nous fassent modifier, corriger et réécrire ce qui nous a pris tellement de temps et d’énergie à produire. Or, l’étape de la correction, de la modification, voire de la réécriture de certains passages, est vraiment la plus importante et elle est toujours compliquée à gérer. La capacité de l’auteur à se remettre en question et à ne jamais s’arc-bouter sur son idée est ce qui différencie un auteur amateur d’un auteur professionnel. 

Quel conseil aimeriez-vous donner aux auteurs qui veulent s’autoéditer ? 

Le premier conseil et le plus important, c’est d’être patient. On ne réussit pas en autoédition avec un seul roman. Le succès d’un auteur autoédité vient avec les années et l’accumulation de titres. L’auteur doit prendre le temps de construire une communauté et d’avoir suffisamment de romans sortis pour générer à la fois des revenus et une forte visibilité. Donc, quand un auteur souhaite se lancer en autoédition, il faut qu’il se demande s’il est prêt à se consacrer à cet objectif durant les prochaines années, car le succès n’arrive jamais du jour au lendemain. 

Retrouvez tous les détails sur la formation Licares et la session d’octobre 2023 sur le site

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