Portraits d'écrivains

Interview de l’auteur autoédité Fiji

À l’occasion de la sortie de son 5e roman, nous avons posé quelques questions à Fiji, auteur autoédité qui souligne, tout au long de cette interview, l’une des qualités premières de l’écrivain : l’empathie ! Découvrez vite son parcours et ses romans !

9 questions à l’écrivain

Quand avez-vous commencé à écrire ? 

C’est un sacré parcours qui m’a mené à l’écriture. Je me destinais à quelque chose de plus graphique ou musical. Mais le nourricier l’a emporté sur l’art et je me suis adapté pour devenir informaticien. Pendant de nombreuses années, en voyageant pour le travail, j’ai eu tout le loisir d’observer. Toutes mes expériences m’ont donné une vision grand angle du comportement humain. Alors maintenant, je croque mon entourage avec… des mots.

Comment définiriez-vous votre écriture en un lieu, un animal, une couleur ? 

Je ne saurais pas parler de lieu ou de couleur, alors je choisis l’animal. Mon écriture s’apparenterait plutôt à l’orang-outan, animal réputé pour son don pour l’observation et son empathie. J’observe et j’éprouve ce que mes personnages doivent ressentir. J’ai développé une empathie de l’imaginaire !

Votre écriture a-t-elle évolué au cours de la rédaction de ce 5e ouvrage ? Avez-vous noté des différences avec les ouvrages précédents (phase de la rédaction, thèmes abordés) ?

L’écriture est un geste répété que l’on maitrise de mieux en mieux et qui évolue tout le temps, que ce soit dans les descriptions ou les dialogues. D’abord parce qu’elle s’adapte à ce que l’histoire réclame.

Je n’ai pas écrit Inuuneq, qui demandait à se mettre dans le cœur d’un sans-abri, comme Harry et Pauline qui essaie de se poser dans la tête de deux surdoués. Ensuite, on s’affine en tant qu’auteur bien sûr, en cherchant à ne pas reproduire les erreurs précédentes. 

Le vrai challenge tout de même, c’est de ne pas perdre de vue ce qui plait aux lecteurs, quel que soit le sujet. Dans De vieux potes, une certaine naïveté émanait du récit, la manière dont je l’ai couchée sur le papier a amplifié cet effet. C’est un équilibre difficile à négocier.

Dans tous mes livres, je parle d’amour et d’amitié que je décris dans des situations très différentes. Pour Harry et Pauline, je pousse le curseur plus loin, l’amour ne fait pas partie du décor, c’est lui qui est au centre de tout. 

Quel message aviez-vous envie de faire passer à travers ce roman ?

Un message tout ce qu’il y a de plus simple et, je crois, universel : aucune personne ne se distingue d’une autre face aux sentiments et à l’amour. On peut être surdoué névrosé ou hyperactif, ou seulement comme tout le monde avec les pieds sur terre, l’amour remet tout à zéro. Il n’est qu’une manifestation de l’inné et ne se réfléchit pas, neurones survoltés ou non !

Racontez-nous la première phrase.

« En fait, je m’en fous complètement de ce qui leur arrive. »

Elle définit immédiatement l’état émotionnel d’un des deux héros. Il est solitaire et désabusé malgré son âge. Harry annonce d’emblée la couleur : il se contrefiche de ce qui arrive aux autres. Mais c’est une illusion, un mirage pour lui-même avant tout. Au cours du récit, toutes ses barrières vont devoir disparaître s’il veut avancer. 

Avez-vous peur des critiques ?

Oui, très peur ! J’ai appris petit à petit à m’en détacher, sauf que ça reste toujours aussi indigeste pour mon pauvre petit cœur ! Si quelqu’un est bêtement méchant, agressif, ou tout simplement lapidaire sans aucune justification, je suis pétrifié. À l’inverse, une bonne critique me remplit d’un doux bonheur que je garde en tête longtemps. 

Heureusement, j’arrive désormais à mieux niveler mes réactions. Maintenant, j’ai un bouton « reset » qui me permet d’oublier aussitôt un commentaire affreux ! J’ai le droit, non ?

Lisez-vous d’autres auteurs autoédités ? 

Je lis tous les auteurs qu’ils soient publiés par une maison d’édition ou autoédités et dans tous les genres (sauf la fantasy). D’ailleurs, souvent, je découvre des choses étranges : des autoédités qui mériteraient la gloire et des écrivains sous contrat qui encourraient les oubliettes s’ils n’étaient pas protégés. 

Votre meilleure astuce ou conseil à partager ?

Pfiou… les trucs et astuces, c’est très personnel et circonstanciel. J’écris souvent le soir parce que c’est le seul moment où je peux m’isoler un peu, mais je préfèrerais écrire la journée. 

Je m’arrête n’importe où dans mon écriture et quand je reprends j’évite de tout relire. Sinon, je me connais, je modifierai tout inlassablement et je ferai du surplace. Alors je pars juste quelques phrases plus haut et je déroule. 

Il y a un truc que je suis totalement incapable de faire, c’est écrire plusieurs histoires à la fois. Tout comme lire plusieurs livres à la fois d’ailleurs, je suis incapable de parcourir ne serait ce que deux ouvrages en même temps. 

Pour la panne d’inspiration, je laisse filer. Certains diront qu’il faut écrire absolument, même n’importe quoi. Moi, si je n’écris pas pendant un jour, dix jours, parfois un mois entier, tant pis ! Le roman, j’y pense quand même et les idées vont souvent revenir les yeux fermés.

Complétez cette phrase :

Le monde serait mieux avec plus de  sourires et d’humouret triste sans chocolat (à moi seul, je contribue au développement économique de régions cacaotières entières !)

6 questions à l’autoéditeur

Comment en êtes-vous venu à l’autoédition ?

Par rejet d’un système que je trouve non seulement fermé, mais en plus très injuste. J’ai évalué mes chances de franchir toutes les barrières et je me suis vite aperçu que je ne prendrai aucun plaisir à essayer de faire tomber les murs, alors qu’en m’autopubliant, les seuls barrages étaient les miens. 

Qui plus est, je voulais que toute cette aventure reste une passion, pas d’attente particulière, pas besoin de devenir une célébrité ni un romancier « super vendeur toute catégorie », et l’autoédition était parfaite pour ça. 

Avez-vous une routine d’écriture idéale ?

Quand je prenais le train tous les matins, j’adorais écrire dans le wagon. Le bruit régulier et monotone me permettait de m’isoler mentalement. Depuis quelques années je ne peux plus, alors je me contente des heures où je ne dérange personne avec ma passion. 

Faites-vous appel à des bêta-lecteurs ? 

Je l’ai fait pour mes 4 premiers romans, en mode crescendo. Le dernier qui pourtant avait l’aval de tous et un sacré grand nombre (!) a été celui qui a le moins fonctionné. Donc pour Harry et Pauline j’ai opéré un retour arrière toute… Sélection sur les doigts d’une main et triée sur le volet. 

Comment choisissez-vous le prix de vos romans ?

C’est une histoire cruelle, le choix du prix ! Certains lecteurs sont prêts à payer plus de 10 euros l’ebook d’un éditeur, d’autres non. Mais la perception n’en va pas vraiment de même vis-à-vis d’un autoédité, pourtant la quantité de travail n’est pas inférieure et les coûts non plus. Donc je me suis résigné à me fondre dans la masse, ni gratuit ni trop cher.

Comment avez-vous choisi votre graphiste de couverture ?

On dit toujours que c’est une mauvaise idée de faire travailler sa famille, moi je ne trouve pas. J’ai la chance d’avoir deux illustratrices autour de moi. 

Dernièrement, j’ai voulu reprendre toutes les couvertures, pour obtenir une certaine homogénéité. Je l’ai fait seul, sous leurs contrôles. Le résultat plait ou pas, en tout cas elles ont la marque de fabrique de Fiji. 

Quel serait votre astuce sur KWL ou pour l’autoédition en général ? 

Ma relation avec Kobo Writing Life est pour le moins saine. Comme tous les autoédités, j’ai tenté toutes les plateformes, pensant que la multiplicité était le mieux. Puis j’ai restreint petit à petit. Finalement, pour des raisons étranges et miraculeuses, KWL s’est imposé comme l’endroit où j’obtenais le plus de visibilité. Certes je ne suis pas l’auteur « bankable » rêvé, mais je crois qu’une partie de la réussite tient à la justesse, la patience, le dialogue et l’honnêteté.

Donc mon conseil c’est de ne pas se disperser, de ne pas perdre son temps sur d’autres plateformes assez peu étudiées pour les autoédités et surtout d’être persévérant. Quand on livre un titre au public, il lui faut du temps pour tracer sa route. Parfois tout fonctionne, d’autres fois non.

Par ailleurs, je ne suis pas un rapide, je mets environ deux ans pour finir un roman. Donc il est important pour moi de tisser des liens avec KWL et de ne pas parler qu’à des bots ! (Si vous voyez ce que je veux dire…)

4 questions fictives à Pauline personnage principal du roman Harry et Pauline

Comment êtes-vous née ?

Je suis née de l’observation de Fiji. Il a côtoyé des personnes comme moi, toujours focalisé sur leurs passions, leurs capacités immenses dans des domaines pointus au détriment de choses vitales comme l’amusement ou l’amour. 

Quel est votre cheminement dans ce roman ?

Au départ, je vis tranquillement dans la bulle de surdouée que je me suis créée. J’habite avec ma mère et passe mon temps au travail ou le nez dans mes livres. J’ai gardé une meilleure amie, Vanessa, qui m’embarque avec elle dans tous ses délires que je n’apprécie pas forcément, il faut le dire. Mais je l’adore alors je lui pardonne tout.

Et, un jour, j’ai un coup de foudre pour Harry. Sauf que ça, c’est quelque chose que je n’avais jamais imaginé, qui ne m’intéressait pas et que… je ne sais pas gérer ! J’ai toujours jeté l’éponge lors de mes aventures amoureuses passées, n’ayant pas trouvé d’âme sœur et surtout une personne à ma hauteur sans fausse modestie. 

Pour éviter de tout gâcher, je vais m’inventer un personnage, une façade pour me mettre à la portée de ce normo-pensant. 

Bien entendu, rien ne va se dérouler comme je voudrais, vous vous en doutez, je vais devoir m’adapter et vite !

Révélez-nous un secret sur vous ?

Je ne supporte pas d’attirer les regards. Mais est-ce vraiment un secret ?

Révélez-nous un secret sur votre créateur ?

Lui non plus ne supporte pas les regards. Il préfère toujours se cacher derrière quelque chose, souvent l’humour d’ailleurs. 

1 réflexion au sujet de “Interview de l’auteur autoédité Fiji”

  1. J’adhère complètement à la sincérité de Fiji. Ils sont rares dans ce monde les individus qui ne trichent pas. Magnifique interview qui donne envie d’aller plus loin à la découverte de l’auteur. Merci !

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