Portraits d'écrivains

Interview de Gabrielle Blanchout, autrice de l’essentiel

Gabrielle Blanchout est l’autrice du bestseller Comme un cœur posé sur la mer, paru en 2021 et vendu à plus de 15 000 exemplaires. Après avoir trainé ses guêtres du Canada à l’Espagne pendant ses études, elle a été journaliste et autrice de guides pratiques et touristiques durant plus de 15 ans. Elle vit à Saint-Malo dans une petite maison remplie à ras bord de livres et d’enfants. Elle sort cette année son deuxième opus : Comme une envie d’étincelles.

8 questions à l’écrivaine

Votre écriture a-t-elle évolué au cours de la rédaction de ce deuxième ouvrage ?

Ce deuxième roman est en fait le premier que j’ai écrit ! Comme je n’en étais pas totalement satisfaite, je l’ai laissé de côté le temps d’écrire et d’autopublier Comme un cœur posé sur la mer. Puis je l’ai repris, réécrit, réécrit encore, et encore, et encore, jusqu’à ce que j’en sois suffisamment satisfaite pour l’autopublier à son tour.

Du coup, ce que j’ai appris en écrivant Comme un cœur posé sur la mer m’a évidemment servi pour les différentes phases de réécriture. Mais autant Comme un cœur m’est venu en tête comme une histoire déjà presque totalement construite, autant Comme une envie d’étincelles m’a demandé plus de travail de construction. Quant au thème, c’est encore un thème d’actualité (journaliste un jour, journaliste toujours…) et surtout, un thème qui me tenait particulièrement à cœur.

Racontez-nous la première phrase…

« Impossible, ils n’y arriveront jamais. »

Ce sont les mots de Jean-Luc, le maire de Kêriadenn, un petit village moribond de la campagne bretonne, où débarquent une petite bande d’amis et leurs projets pour redonner vie au village. Jean-Luc, qui se démène depuis des années pour sa commune, en la portant un peu à bout de bras, est épuisé, mais très dubitatif sur les intentions et la fiabilité de cette bande d’hurluberlus, à la tête de laquelle on trouve notamment Prune, qui vient de perdre son mari et doit reconstruire une nouvelle vie pour elle et ses enfants.

Est-on seul quand on écrit ?

On n’est pas seule quand on écrit, car tous les personnages nous accompagnent jusqu’au cœur de leur histoire. Par contre, on est plus seule lors des (longues) phases de réécriture… enfin, c’est ce que je ressens, moi !

Quand savez-vous que votre roman est fini ?

Jamais. On pourrait réécrire à l’infini en fait. Mais il y a un moment où il faut accepter qu’on ait donné tout ce que l’on pouvait à ce moment précis et où il faut bien lâcher son histoire, ses personnages, dans le monde sauvage de l’(auto)édition !

Avez-vous peur des critiques ? Vous souvenez-vous de la meilleure critique et de la pire critique reçue ?

Les critiques sont inévitables et font partie du jeu. Je n’en ai pas vraiment peur, je sais bien qu’on ne peut pas plaire à tout le monde… Il n’y a aucun livre, à ma connaissance, qui fait l’unanimité ! J’ai eu la chance d’avoir énormément de beaux commentaires sur mon premier roman, mais je crois que ce qui me touche le plus, ce sont les gens qui m’ont écrit pour me dire que mon livre les avait aidés dans une période difficile. La pire critique ? Je ne sais pas trop… je me souviens d’un « roman de gare à l’eau de rose », mais bon, j’avoue que j’essaye de ne pas trop m’attarder dessus. Ah oui, j’ai eu aussi « naïf » récemment, mais, celle-là, je l’aime bien, j’ai décidé de revendiquer mon côté naïf !

Lisez-vous d’autres auteurs autoédités ?

Oui, plein ! Je suis une grande lectrice et je lis beaucoup et de tout. Que le livre soit autoédité ou pas ne rentre pas vraiment en ligne de compte dans mon choix… je cherche avant tout une histoire, une voix, un point de vue original ou qui me parle.

Quel serait votre meilleur conseil à partager ?

Mon leitmotiv, c’est : « Ne craignez pas d’être lent, craignez d’être à l’arrêt.» Quand j’ai commencé à écrire (des romans, nouvelles…), j’avais 4 enfants en bas âge (et un conjoint absent une partie de la semaine), maintenant j’en ai 5, dont des ados. Récemment on m’a découvert un cancer du sein pour lequel je subis et vais subir des traitements lourds.  Au milieu de tout cela – comme de plein d’autres situations dans la vie – c’est facile de se décourager parce que l’on a peu de temps à consacrer à l’écriture, que notre manuscrit ne progresse pas, que ça ne sert à rien. Mais l’important c’est d’avancer, même un tout petit peu, même pas vite du tout. Et un jour, en s’accrochant, on a (auto)publié un roman, bientôt deux, avec un troisième en cours d’écriture, écrit plusieurs centaines de poèmes et de microfictions postées sur les réseaux sociaux, et d’autres nouvelles et histoires pour enfant (non publiées, mais qui existent). Donc voilà, avancer, même un tout petit peu, très régulièrement et ne pas se décourager.

Le monde serait mieux avec plus de gentillesse ! (Je sais, je sais, ça fait naïf de dire ça, tant pis, j’y crois vraiment) et plus triste sans livres (évidemment !).

7 questions à l’autoéditrice

Comment en êtes-vous venue à l’autoédition ?

Je suis très curieuse et intéressée par le milieu de l’édition et par corollaire celui de l’autoédition, j’ai suivi ce qu’il s’y passait pendant plusieurs années, pendant que je commençais à écrire. J’aime aussi beaucoup l’univers de la création d’entreprise et il y a un petit côté créateur d’entreprise de l’auto-édité qui me parlait bien. 

Puis, lorsque j’ai terminé mon premier manuscrit (qui devient aujourd’hui mon deuxième roman autoédité), je l’ai soumis à quelques éditeurs par l’intermédiaire de divers concours… les retours que j’ai eus étaient plutôt encourageants, mais les pistes de retravail qui se dégageaient étaient tellement contradictoires que cela m’a complètement bloquée. J’ai fini par mettre de côté ce manuscrit, pour écrire et autoéditer Comme un cœur posé sur la merJ’avais envie que cette histoire vive. Pas qu’elle reste, criblée de doutes, au fond d’un tiroir. J’ai donc opté pour l’autoédition, et ça a plutôt bien marché.

Puis j’ai repris mon premier manuscrit et je l’ai retravaillé pour qu’il puisse lui aussi avoir une chance de trouver ses lecteurs.

Avez-vous une routine d’écriture idéale ?

Oui, alors dans l’idéal je me lève tôt, bois du thé (vert), écris mes « morning pages », enchaine avec une demi-heure de yoga, prends mon petit-déjeuner (équilibré) et ensuite j’écris toute la matinée avant de déjeuner (léger) et d’aller marcher 1 heure (en pleine conscience) puis de me remettre à mon bureau…

Non, je rigole, dans la réalité, je suis mère de famille nombreuse et j’ai déjà l’impression d’avoir vécu une demi-journée de travail avant 8 h 30 du matin, donc on va dire que, en gros, j’essaye d’écrire (ou réécrire ou corriger) autant que je peux le matin, et j’avance sur les aspects plus techniques de l’autoédition et de la vie d’auteur l’après-midi. Sauf si je disparais ensevelie sous une pile de linge sale avant…

Quel statut juridique avez-vous choisi ?

J’ai choisi le statut d’artiste auteur et je déclare mes revenus de l’autoédition en bénéfices non commerciaux.

Faites-vous appel à des bêta-lecteurs ?

En quelque sorte au sens où je fais lire mon manuscrit à quelques personnes dont je recueille ensuite l’avis général. Mais il ne me font pas de retours détaillés sur le texte. 

Comment choisissez-vous le prix de vos romans ?

Je regarde ce qui se fait sur le marché et, comme je suis une grande lectrice moi-même, je me demande quel prix serait une barrière pour moi pour acheter un livre, et j’essaye de rester en dessous.

Comment avez-vous choisi votre graphiste de couverture ?

Pour le premier roman, à travers un coup de cœur pour le travail d’une artiste sur les réseaux sociaux, pour le deuxième, il a fallu que je trouve une autre graphiste qui saurait à la fois se fondre dans l’univers existant (pour garder une certaine harmonie, une unité) tout en apportant sa patte et ses idées. J’ai alors cherché dans mes relations personnelles quelqu’un dont j’admirais également le travail. 

Quelle serait votre astuce sur KWL ou pour l’autoédition en général ?

Malheureusement, je n’ai pas vraiment d’astuce. Cela reste très mystérieux pour moi, ce qui fait qu’un livre trouve ses lecteurs ou pas… Je dirais néanmoins : faire son travail de recherche, comprendre les étapes et éléments indispensables au processus de l’autoédition et les franchir du mieux que l’on peut sans trop en négliger, mais en sachant que cela ne sera peut-être pas suffisant.

Et surtout, avoir un livre au rendu professionnel,  que l’on ne puisse pas le différencier d’un livre publié par une maison d’édition. Ce qui implique généralement de payer un.e correcteur.rice, un.e graphiste et, éventuellement, un.e éditeur.rice indépendant.e.

4 questions fictives à Prune, l’un des personnages principaux du roman Comme une envie d’étincelles 

Comment êtes-vous née ?

Mon autrice cherchait une protagoniste suffisamment forte et déterminée pour porter ces projets de transition écologique. J’ai perdu mon mari il y a deux ans et je cherche à construire une nouvelle vie pour moi et mes cinq enfants, c’est la meilleure des motivations, aux côtés de mes convictions personnelles. J’ai entrainé avec moi mes amis de toujours, Fanny, Ben et Laura, et un nouvel ami, Fred. Ensemble, on veut aider le petit village de Kêriadenn, cher au cœur de Fred, à reprendre vie, mais autrement… avec des initiatives respectueuses des hommes et de la planète.

Quel est votre cheminement dans ce roman ?

Comme tous mes amis, nous allons cheminer ensemble pour comprendre et accepter que tout le monde ne voit pas nos projets d’un très bon œil et chercher comment les gagner à notre cause. On va aussi apprendre à travailler ensemble pour que nos projets deviennent pérennes. 

Sur un plan plus personnel, je vais commencer à m’ouvrir un peu, à laisser entrer d’autres personnes dans ma vie… je ne suis pourtant pas sûre encore d’être prête à revivre une histoire d’amour… enfin, pas au sens traditionnel du terme.

Révélez-vous un secret sur vous ?

Je suis addict au chocolat noir (bio et équitable évidemment, parce que la culture du cacao emploie encore des enfants). Je le mange en cachette le soir, seule dans mon lit, ou avec ma grande fille Juliette. C’est une super ado dont vous allez aussi pouvoir faire la connaissance dans le roman. Et, ce n’est pas parce que c’est ma fille, mais elle gagne vraiment à être connue. Contrairement à ce que l’on veut nous faire croire parfois, les ados sont formidables !

Révélez-nous un secret sur votre créatrice ?

Je crois qu’elle est très anxieuse de savoir si les lectrices et lecteurs vont aimer sa petite bande d’hurluberlus autant qu’elle…

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