Arnaud Lequertier a été repéré par les équipes de Kobo Writing Life grâce à sa participation à l’open pitch du Forum Fnac en 2017. Depuis Le Bigorneau amoureux, son premier roman, il a continué à tracer son chemin d’écriture et nous le retrouvons cinq ans après pour le lancement de son quatrième opus : L’Apparent Confort des Bulles.


7 questions à l’écrivain
Choisissez un lieu, un animal et une couleur pour définir votre écriture.
Si mon écriture devait être un lieu, elle serait une bulle, un espace d’évasion et de liberté par rapport à mes journées dans les chiffres, prisonniers des cellules de divers tableurs Excel.
Si mon écriture devait être un animal, elle serait une fourmi, sans référence aucune aux ouvrages de Bernard Werber, mais plutôt à la quantité de travail minutieux mis en œuvre pour écrire le meilleur roman possible.
Si mon écriture devait être une couleur, elle serait inévitablement le gris. Dans ce monde si manichéen, on gagnerait tous, à mon avis, à mettre plus de gris, de nuances dans nos vies.
Votre écriture a-t-elle évolué au cours de la rédaction de ce 4e ouvrage ?
Comme semblent me le confirmer les premiers retours de mes plus fidèles lecteurs, j’aime à penser que de roman en roman, mon écriture tend à s’affiner, à se bonifier. Toutefois, ce quatrième roman reste dans la continuité des précédents en explorant la possibilité pour nos existences de quitter leur lit routinier à la suite de petits déclics du quotidien, sans attendre de graves crises voire de grands drames. Les vraies nouveautés pour cet opus tiennent à un certain renouveau dans mes bêta-lecteurs et le recours à une correctrice professionnelle après mes habituelles centaines d’heures de relecture (la fourmi 😉) afin d’éliminer les dernières coquilles ayant pu passer à travers les mailles du filet.
Racontez-nous la première phrase.
Je vais peut-être vous décevoir, mais je n’ai pas accordé beaucoup plus d’importance à cette première phrase qu’aux milliers d’autres composant ce roman. En revanche, contrairement à mes précédents titres où l’incipit abordait directement la thématique du livre, je tenais cette fois à ce que les premières phrases permettent de se plonger immédiatement dans la peau d’Avril, l’une des trois protagonistes, au cœur de sa quête musicale infructueuse.
Est-on seul quand on écrit ?
Pour qui me surprendrait dans l’obscurité des soirées/nuits dans mon salon, l’exercice semblerait de prime abord très solitaire. Mais en creusant un peu, la réalité est toutefois à nuancer. Outre les doses répétées d’un soda américain me donnant l’énergie nécessaire et au-delà de l’endorphine secrétée par l’écriture, je bénéficie de l’aide précieuse de bêta-lecteurs au fur et à mesure de l’avancée du roman me permettant de me remettre en question et de me dépasser chapitre après chapitre. En outre, à force de côtoyer mes personnages durant ces longs mois, ceux-ci prennent peu à peu vie et viennent parfois bousculer la trame définie pour eux. Enfin, en tant qu’auteur autoédité, à moins d’être un couteau-suisse, il faut savoir s’entourer, donnant lieu à des échanges particulièrement enrichissants avec mon illustratrice, Margot, ou ma correctrice, Delphine, rencontrée l’été dernier sur le salon du livre de l’île de Ré.
Lisez-vous d’autres auteurs autoédités ?
J’en lis sans distinction entre auteurs autoédités, édités dans des maisons traditionnels ou encore hybrides, de Sonia Dagotor à Marie Vareille, en passant par Anne-Gaëlle Huon et Sophie Astrabie, d’autant que les passerelles existent de plus en plus. Malheureusement, en période d’écriture (la vaste majorité de mes sept dernières années), je manque cruellement de temps entre mon travail chronophage dans les chiffres, ma passion pour les lettres sans oublier la vie de famille et la course à pied à mes heures perdues. Mais je profite de la publication de mes romans pour découvrir d’autres plumes d’auteurs que j’ai eu la chance de rencontrer via les réseaux sociaux ou lors d’évènements et de salons.
Votre meilleure astuce ou conseil à partager ?
J’imagine qu’il y a autant de parcours d’auteurs que d’auteurs, mais si je devais avoir un conseil pour les auteurs en herbe, ce serait celui-ci, transmis à mes débuts par des écrivains établis : les « success stories » à la Aurélie Valognes, Agnès Martin-Lugand ou plus récemment Melissa Da Costa existent, mais ne sont que la face émergée d’un iceberg où les parcours se construisent au fil des années et des romans. Et je dois dire que ce conseil, en tant qu’ancien marathonien habitué des efforts et préparations au long cours, a fortement résonné en moi, mais mieux vaut être prévenu pour ne pas être déçu.
Complétez cette phrase :
Le monde serait mieux avec plus d’écoute et de recherche de compromis… et plus triste sans les enfants pour nous donner une chance de redécouvrir, une fois adulte, le monde avec des yeux neufs tout en remettant en perspective ce qui est réellement important à leur transmettre…

6 questions à l’autoéditeur
Inspiré par le parcours de Agnès Martin-Lugand, Arnaud s’est lancé dans l’autoédition, évitant la case « maison d’édition ».
Avez-vous une routine d’écriture idéale ?
Entre auteur « architecte » et « jardinier », je penche sérieusement pour le premier. Adepte depuis mon premier roman des plans détaillés afin de me cadrer et ne pas me perdre dans les méandres de la page blanche, je l’établis avec minutie avant de coucher le premier mot sur l’ordinateur. Puis une fois établi, je me lance dans l’écriture, une fois tout le foyer couché, avec pour seuls compagnons, le Coca et le chocolat.
Faites-vous appel à des bêta-lecteurs ?
Dès l’écriture de nouvelles, bien avant les toutes premières lignes de mon premier roman, j’ai tout de suite ressenti le besoin de m’entourer de quelques bêta-lecteurs avec des sensibilités de lecture variées (de 2 à 3 selon les romans) pour me remettre en question et prendre du recul par rapport à mes différents projets d’écriture tout au long de leur rédaction afin de me réaiguiller rapidement le cas échéant.
Comment choisissez-vous le prix de vos romans ?
Pour mon Bigorneau amoureux paru en 2017, j’avais comparé les prix proposés par les autres auteurs autoédités débutants et m’étais arrêté sur le prix de 2,99 €. À partir du deuxième, sorti fin 2019, l’autoédition avait gagné en crédit et je m’étais cette fois appuyé sur les prix pratiqués par des auteurs moins novices pour définir le prix de 3,99 €. Depuis, beaucoup se situent désormais plus autour des 4,99 €, mais mon objectif étant de toucher un maximum de lecteurs possibles pour que mes romans prennent tout leur sens, j’ai décidé de conserver le prix psychologique de 3,99 €.
Comment avez-vous choisi votre graphiste de couverture ?
Les rencontres. En approchant du terme de mon tout premier roman, j’avais sollicité Hanna, une illustratrice hongroise, découverte à l’époque sur Internet en recherchant des illustrations de films fétiches pour personnaliser des t-shirts, et par bonheur, elle avait accepté, offrant à mes couvertures toute sa sensibilité qui collait, je trouve, très bien avec l’écriture. Pour mon troisième opus, Hanna n’avait pas souhaité poursuivre l’aventure et grâce à Marion, une amie et partenaire de course à pied, j’ai pu rencontrer Margot Firquet qui a magnifiquement mis en image les illisibles croquis « dessinés » par mes soins pour mes deux derniers romans, au point de frôler la victoire dans le concours de couverture organisé par KWL monde l’an dernier.
Quel serait votre astuce sur KWL ou pour l’autoédition en général ?
Je dirais : « être ouvert et prêt à se mettre en danger pour rencontrer les lecteurs » sur KWL et ailleurs, car comme pour beaucoup de sphères de nos vies, le plus difficile est bien souvent d’enclencher une dynamique. En effet, si vous espérez qu’en publiant votre livre sur la plateforme, le plus dur est fait, je crains que vous n’alliez au-devant de grandes déconvenues. Pour moi, la belle histoire remonte à cet open pitch victorieux de septembre 2017, où je m’étais présenté sur la pointe des pieds. Soyez à l’affût des opportunités surtout sur KWL où vous aurez l’immense chance de trouver des humains pour échanger sur vos parcours d’écriture.

4 questions à Avril personnage principal du roman L’Apparent Confort des bulles
Dans L’Apparent Confort des Bulles, Arnaud Lequertier interroge les sacrosaints algorithmes, qui bouleversent nos vies et notamment l’essence même de la rencontre amoureuse. Il nous invite à nous affranchir, le temps d’un roman, des confortables bulles dans lesquelles nous évoluons. Nous avons posé quelques questions à Avril, l’un des personnages principaux de ce roman choral.
Comment êtes-vous né ?
Il faudrait interroger mon créateur, mais je crois que la contingence de nos vies et ces deux petits mots « Et si… » l’ont toujours fasciné, comment des existences sortent un jour de leur lit, et encore plus à notre époque, où à la faveur de l’intelligence artificielle et des omnipotents algorithmes, on tente de tout optimiser en restant le plus souvent enfermé dans le confort de nos bulles. Pour parler de moi, ça reste entre nous, mais je crois que mon créateur est admiratif des personnes prêtes à tout pour leurs aspirations artistiques, ce qui n’est jusque-là pas son cas…
Quel est votre cheminement dans ce roman ?
Comme beaucoup, je suis montée à la capitale pour tenter d’échouer dans le monde des arts. Pour moi c’est la musique… Mais après plusieurs années à servir dans une charmante guinguette, je suis décidée à rentrer, sans bagage académique aucun, dans le « droit chemin » si tant est que cela existe encore dans ce monde si complexe.
Révélez-nous un secret sur vous ?
Je peux faire ça, vraiment. Attendez, je vérifie auprès de mon créateur. À la vue de son regard sévère, je me contenterai de vous conseiller de ne pas vous arrêter à ma bonhommie contagieuse.
Révélez-nous un secret sur votre créateur ?
Il va sûrement m’effacer en lisant ça, mais je crois qu’il jalouse mon joli brin de voix avec sa voix de crécelle qu’il ne supporte pas d’écouter plus de deux secondes chrono.