Vous vous sentez fiévreux, vous vous terrez sous votre couette et vous ne comptez plus jamais vous connecter à Internet ? Vous venez certainement d’envoyer votre œuvre à vos bêtas-lecteurs ou de publier votre roman. L’attente des retours rend souvent un peu fébrile et c’est bien normal ! Aujourd’hui, je vous propose de nous pencher sur les critiques et la manière dont on peut les gérer en restant bienveillant avec soi-même.
Les premières critiques sur votre manuscrit
Que vous travailliez avec des éditeurs ou en autoédition, vous recevrez une première salve de critiques et de remarques sur votre manuscrit, que ce soit de la part de votre éditeur ou de vos bêtas-lecteurs.
Pour ma part, j’ai déjà reçu des mails encourageants de certains de mes éditeurs me prévenant qu’il n’y avait « pas grand-chose à corriger » et qu’ils avaient beaucoup aimé l’histoire. Vos bêta-lecteurs vous ont peut-être déjà fait ce type de retour également. On ressent cette euphorie bienfaitrice qui nous donne des ailes, on voit déjà notre roman sur les sites de vente ou en librairies et on s’en réjouit. C’est alors qu’on ouvre le fichier contenant les corrections… et que l’on fait une crise cardiaque ! Il y a des notes en rouge, des séquences entières surlignées en jaune et des dizaines de commentaires dans la marge sur chaque page. Et votre roman en compte 300… C’est à ce moment qu’on désespère un peu en général et que l’on se demande comment on va venir à bout de ce travail titanesque.
Conseil : prenez ces critiques comme un gage de la future qualité de votre roman. Ceux qui l’ont relu ont le même objectif que vous : que votre histoire soit la meilleure possible et qu’elle touche un public nombreux.
Concernant mes bêtas-lecteurs, je suis attentive aux points faibles de mon texte pointés par plusieurs personnes. S’ils me signifient que le passage à la page 32 n’est pas clair et compréhensible et qu’ils sont plusieurs à n’avoir pas saisi mon propos, il est très probable que j’ai commis une erreur et je vais clarifier cette séquence de texte. En revanche, certaines remarques sont parfaitement subjectives et dépendent de la sensibilité de chacun. À vous de voir si vous souhaitez les prendre en considération ou non (vous restez le maitre à bord).
Ce que je peux vous dire pour vous rassurer, c’est que le fait de travailler à fond sur son texte avant de le publier vous donnera de la confiance. Votre histoire gagnera en qualité !
Les critiques positives
Quand un lecteur ou une lectrice a aimé votre livre et qu’il ou elle prend le temps d’écrire son avis dessus, c’est un vrai cadeau. Je dirais même que c’est une nourriture essentielle pour un écrivain. Ces commentaires-là vous permettront d’identifier vos points forts dans l’écriture, ils sont donc utiles pour comprendre ce qui plait dans votre style en plus de construire et d’améliorer votre confiance en vous.
Conseil : garder une trace pour pouvoir les relire quand vous êtes en train de douter. Vous pouvez créer un fichier sur votre ordinateur et y compiler les chroniques positives de votre roman. C’est ce que je fais régulièrement pour me donner un bon coup de boost quand je suis découragée. Pour moi, c’est une excellente stratégie pour retrouver le sourire et pour réaliser que mes histoires peuvent plaire à un lectorat.
Les critiques constructives
Parfois, votre roman ne trouvera pas la résonnance que vous auriez souhaité chez vos lecteurs. Bien sûr, vous l’avez écrit avec vos tripes, vous avez donné le meilleur de vous-même, vous avez tout fait pour y mettre de l’authenticité en y parlant de thèmes qui vous touchent en plein cœur, mais vous n’avez pas le même cœur que les autres, pas le même parcours non plus et pas la même sensibilité. C’est logique et c’est normal.
Ces critiques ne sont pas toujours évidentes à assimiler et, à mes débuts, je les gérais mal. Une seule critique plutôt négative était capable d’annuler toutes les belles chroniques que j’avais lues auparavant. Mais les critiques qui mettent en évidence vos points faibles et qui sont basées sur des éléments concrets sont utiles pour votre progression. Bien sûr qu’une lecture est subjective, mais si plusieurs retours éclairent la même chose et mettent en évidence un point similaire, cela vaut la peine de le travailler. Vos romans n’en seront que meilleurs !
Récemment, j’ai lu une critique sur mon roman La Bibliothèques de bienheureux. Il s’agissait d’une lectrice qui avait lu d’autres de mes romans, qui aimait la romance et les comédies. Forcément, en le découvrant, elle n’y a pas trouvé les ingrédients qu’elle aurait souhaités, soit une histoire d’amour. En effet, l’intrigue ne tourne pas autour d’un couple mais évoque l’amour des livres et l’amour du vivre ensemble malgré nos différences et j’ai parfaitement compris la raison de sa déception. Pour le coup, ce n’était pas le bon livre pour elle et je dois le prendre avec philosophie, même si je ressens toujours un petit coup au cœur en constatant que mes personnages n’ont pas su la toucher. C’est le jeu et il faut se faire raison.
Conseil : analysez les retours et identifiez votre marge de progression puis travaillez dessus lors de la rédaction de votre prochain manuscrit. Vous pouvez dresser une liste de ces points-là pour mieux les conscientiser.
Les critiques méchantes
Soyons clair, celles-ci ne vous serviront à rien ! Passez simplement votre chemin et oubliez-les. Lors de la publication de l’une de mes séries, j’avais reçu un commentaire qui disait simplement : « C’est nul ». J’étais restée dubitative devant ces quelques mots, un peu sonnée par cette méchanceté. Je trouvais cette remarque blessante et ne comprenais pas le but de celle-ci. Que pouvais-je donc faire de ça, moi jeune romancière un peu perdue dans ce monde que je ne connaissais pas encore très bien et qui pourtant me passionnait déjà ? Je m’étais sentie dépitée car je n’avais aucune clé pour m’améliorer.
Conseil : si la chronique ne sert à rien, ne vous apitoyer pas dessus et ne ressassez pas, cela n’en vaut pas la peine. Pour vous redonner du courage, vous pouvez faire l’exercice suivant : allez lire les avis sur votre roman préféré. Vous constaterez que les critiques existent aussi et que vos écrivains préférés ne sont pas épargnés par les avis négatifs, mitigés ou constructifs. Et mangez du chocolat (c’est toujours une bonne idée, le chocolat).
Répondre ou non aux critiques ?
Quand un lecteur me taggue sur les réseaux sociaux, j’ai tendance à répondre par un petit mot ou un émoji pour signifier que j’ai lu et pris en compte cette attention ou pour remercier la personne. L’un des points positifs d’Instagram ou Facebook, c’est le fait que les lecteurs qui vous écrivent directement ou qui vous identifient dans leurs critiques sont majoritairement des gens qui ont apprécié votre histoire.
Finalement, que la critique soit positive ou mitigée, dites-vous que le lecteur a pris du temps pour écrire et poster son avis et cela mérite de la considération. Cette stratégie est évidemment bien plus facile à mettre en place pour les personnes qui ont aimé votre œuvre. Je crois qu’il y a une seule chose à éviter : ne perdez pas votre temps à vous justifier en cas de mauvaises critiques. Si vous choisissez d’y répondre, vous pouvez simplement remercier la personne pour son avis, mais ne partez pas dans un débat stérile qui ne serait qu’une bataille d’ego. Le but n’est pas de démontrer à cette personne qu’elle n’a rien compris et qu’elle n’aurait pas dû prendre telle ou telle partie de l’intrigue de cette manière. Laissez-là tranquille et respectez son avis.
Quelques mots pour conclure
Quand mon premier roman a été publié, j’ai été à l’affut des critiques et fouinais partout pour lire les commentaires à tel point que c’en était devenu une obsession. Avec le temps, j’ai appris aussi à relativiser les avis reçus et à prendre de la distance. On m’a souvent donné le conseil de différencier ma personne de mon travail concernant les critiques. Si on n’a pas aimé mon roman, cela ne signifie pas que je suis une personne nulle ou une autrice nulle. Logique et même élémentaire mon cher Watson. Mais, voilà, je ne m’appelle pas Watson et prendre de la distance face à un travail aussi personnel qu’un roman n’est pas toujours évident.
À partir du moment où l’on souhaite être publié, il faut accepter que son livre existe en dehors de soi, qu’il ne nous appartient plus et que tout le monde est libre de donner son avis. Cela fait partie du jeu même si ce n’est pas tous les jours facile. Quoiqu’il en soit, chaque roman nous fait progresser dans notre travail d’écrivain et chaque critique nous aide à comprendre nos points forts et nos points faibles. Alors, haut les cœurs et écrivons !
Caractéristiques de Cali Keys : adore les palmiers, les Bisounours, les Piña Colada et les fraises Tagada.
Lieu de vie : Suisse après un passage en Californie et des études à Paris.
Déteste se mouiller les chaussettes dans la salle de bains, terminer une boîte de biscuits (y en a plus après) changer le rouleau de papier toilette et arroser les plantes.
Côté édition, elle a publié son premier roman Mon Ex me colle à la peau en 2013 avant de travailler avec des éditeurs comme Milady, Prisma, Charleston, AdA et Hauteville. Son roman, L’amour à pleines dents ! a reçu le prix Diva de la meilleure romance 2017.
Ses genres de prédilection? La romance, la new romance, le new adult, le feel-good et la comédie romantique.
Elle a publié onze romans (et ne compte pas s’arrêter, elle est trop accro) et aime partager sa passion en animant des ateliers d’écriture. Depuis plus de 8 ans, elle soutient et accompagne des primo-romanciers dans leur désir d’écrire.
Elle a également animé la masterclass Romance pour Kobo et participe régulièrement à des tables rondes et des conférences sur l’art romanesque.