De plus en plus d’auteurs (d’autant plus ceux qui sont indépendants) développent un lien particulier et très fort avec leur communauté sur les réseaux. Ces échanges et cette proximité sont d’ailleurs fortement appréciés des lecteurs et peuvent, évidemment, vous aider à faire connaître vos œuvres et à susciter la curiosité. Je vous propose donc de plonger dans les coulisses du community management qui fait aujourd’hui partie intégrante du monde de l’écriture.
Débuter sur Facebook et Instagram
La question de la légitimité
De mon côté, je me suis inscrite sur Facebook en 2011 à l’occasion de la sortie de ma première nouvelle de chick lit publiée dans un recueil collectif. J’avais choisi mon pseudo de romancière, je comptais bien poursuivre ma carrière et je me sentais plus légitime pour parler de ce que j’écrivais car j’avais enfin « quelque chose » à montrer au public. Pourtant, avec le recul, je pense que l’on peut débuter sur les réseaux avant même d’en être arriver à ce stade.
On pourrait se demander en toute logique à quel moment il est pertinent de se lancer pour communiquer sur ses écrits. Faut-il être déjà publié pour oser parler de son roman ? Pas du tout, bien au contraire ! On évoque souvent la dureté des réseaux sociaux, ils peuvent en effet se révéler une jungle sans pitié, mais ils peuvent également s’avérer une grande source de soutien et donc de motivation. Beaucoup de personnes gravitent sur le Web et sont intéressées par le milieu des livres et suivent assidument des comptes d’auteurs ou futurs auteurs, de lecteurs, d’éditeurs, de blogueurs et autres bookstagrameurs.
Je ne vous cache pas que le milieu littéraire est parfois compliqué et que nos proches ne comprennent pas forcément nos rêves d’écriture au début de nos carrières. Par conséquent, c’est un monde où l’on peut se sentir très seul. Alors, avoir une communauté qui nous comprend et nous encourage est parfois salvateur.
Comment construire sa communauté ?
Au départ, j’ai ajouté sur Facebook les auteurs qui étaient publiés dans le recueil collectif auquel j’avais participé, puis des auteurs qui écrivaient dans le genre que je visais ou ceux dont j’avais lu les blogs et les billets concernant leurs aventures littéraires. Puis, au fur et à mesure, j’ai pu faire la connaissance d’autres blogueuses et de lectrices.
Quand j’ai commencé à accumuler plusieurs publications, j’ai osé franchir le pas suivant et j’ai alors ajouté des éditeurs à mes contacts. Et j’ai pu voir certains d’entre eux dans la « vraie vie » par la suite, ce qui est toujours très enrichissant. J’ai aussi eu l’immense chance de rencontrer des romanciers et des lecteurs avec qui je n’entretenais que des liens virtuels sur des salons (et qu’est-ce que c’est fantastique de se retrouver !).
Mon inscription sur Instagram est venue plus tard et m’a amenée à communiquer davantage avec l’image. Prendre des jolies photos et m’occuper d’une mise en scène représente un défi intéressant qui a été difficile pour moi (et qui l’est toujours… après tout, je ne suis pas photographe !).
Entretenir sa communauté
Un contenu de qualité et personnel
J’ai eu la chance de suivre une formation de Julie Huleux sur la communication digitale dans laquelle elle expliquait l’importance de publier du contenu de qualité grâce à l’acronyme VRIN : valeur, rare, inimitable et non-remplaçable. Il vous faut donc essayer de livrer des informations qui vous soient personnelles et reflètent votre univers ! Voici une liste de quelques thématiques que vous pouvez aborder lorsque vous êtes auteur :
- Les coulisses de l’édition (date de publication, choix de couverture, démarches auprès de distributeurs, contacts avec d’autres professionnels comme des bêta-lecteurs, des correcteurs, etc.).
- Les coulisses de l’écriture (vos objectifs du mois, vos inspirations, vos rituels et astuces, des confidences, vos espaces de travail préférés, vos outils et toutes les petites choses du quotidien d’un écrivain).
- Vos textes (révélations et indices sur votre histoire en cours, des extraits du texte comme des dialogues entre vos héros, une description de vos protagonistes, etc.).
- Des actualités (concours, salons, dédicaces… auxquels vous participez ou qui pourraient intéresser vos abonnés).
De mon côté, j’aime particulièrement relayer des concours d’écriture car, parmi mes abonnés, se trouvent effectivement des lectrices, lecteurs, apprentis auteurs ou blogueurs qui souhaitent plus ou moins secrètement se lancer dans l’écriture. Comme vous pouvez le constater, les sujets sont donc multiples. Amusez-vous !
Vous pouvez également solliciter votre communauté pour lui demander les sujets qui l’intéressent. De quoi souhaiterait-elle que vous parliez ? Si vous débutez votre premier projet d’écriture, n’hésitez pas à confier vos doutes, vos craintes ou vos blocages. Certains de vos abonnés traversent peut-être les mêmes problèmes que vous ou ils auront une solution à vous proposer !
Des interactions privilégiées
Une fois que vous avez défini puis posté un contenu, il ne s’agit pas d’en rester là : il s’agit de le faire vivre. Réagissez aux commentaires et entamez le dialogue avec vos abonnés ! Plus votre post suscite des réactions et des échanges, plus il aura de succès sur les réseaux.
Ce que je trouve génial grâce à Instagram (c’est de moins en moins le cas sur Facebook), c’est le contact direct avec les lectrices et les lecteurs. J’essaie au maximum de prendre le temps de répondre par un petit commentaire ou au moins un émoji pour remercier la personne de son avis et de son post ou de sa story. Je trouve que c’est la moindre des choses quand on constate le soin, le temps et l’énergie que certains consacrent à donner un avis argumenté et à prendre une photo magnifique (souvent bien plus belle que les miennes, il faut le reconnaître).
Je vous conseille cependant d’éviter deux attitudes qui ont tendance à être très mal prises sur les réseaux : mettre sans cesse en avant vos romans pour inciter vos abonnés à les acheter et envoyer des messages privés à tout le monde sans avoir préalablement échangé publiquement avec les personnes que vous contacter. Ce qui peut être agaçant également ? Le fameux suspens du type : « j’ai une super nouvelle mais je ne peux encore rien dire »… En procédant ainsi trop souvent, vous allez frustrer votre communauté et c’est un peu dommage.
Deux exemples inspirants
Pour vous donner une idée d’une communication de romancières que j’apprécie beaucoup, je vais vous parler de Sonia Dagotor et de Virginie Grimaldi.
Exemple 1 : Sonia Dagotor
Sonia Dagotor poste régulièrement les dialogues qu’elle entretien avec son… insomnie ! C’est très drôle, frais et court, on savoure ces petits textes comme un bonbon !
— Insomnie, t’installe pas… Tu n’entacheras pas mon moral. J’ai assisté ce soir au meilleur concert de ma vie !
— Carrément le meilleur ?
— Oui ! Et pourtant, des concerts j’en ai fait quelques-uns. Je crois que je suis tombée amoureuse de Chris Martin.
— Et ton mari, il en pense quoi ?
— Oh, Insomnie, fais pas ta rabat-joie, laisse-moi rêver, tu veux bien…
— Ah, ça, pour rêver, tu rêves, Dagotor !!
Exemple 2 : Virginie Grimaldi
Quant à Virginie Grimaldi, on peut s’inspirer de sa manière de communiquer de façon très personnelle sur sa vie, sur ses ressentis ou sur ce qui lui a permis d’être reconnaissable entre mille : son fameux « chère mamie » dont elle a même fait un livre. Sa manière touchante et humaine d’utiliser les réseaux sociaux la rend attachante.
Chère mamie,
j’espère que tu vas bien et que papy aussi.
On a fait du bateau. Je te dirais bien qu’on m’a embarquée de force, qu’on m’a fait une anesthésie générale ou menacée des pires sévices, mais la vérité, c’est que c’est moi qui ai eu l’idée. Mon cerveau joue contre son camp.
C’était un catamaran, et ça aurait dû me mettre la puce à l’oreille, parce que ça rime avec TRÈSMAUVAISPLAN.
Mon cher enfant, premier du nom, appréhendait la sortie en raison de sa phobie de vomir. Je l’ai rassuré : l’océan était aussi plat que les pieds de son père, son estomac devrait largement supporter. […]
Nous étions partis depuis un quart d’heure lorsque mon oreille interne a plié bagage.
Mon estomac est passé en mode essorage, mais il me fallait faire bonne figure pour ne pas réveiller la phobie de mon fils, qui vivait sa meilleure vie. […]
Demain, c’est lecture sur la plage.
Gros bisous à toi et à papy.
Ginie
P.S. : en vrai c’était un merveilleux moment, mais c’est moins drôle à raconter.
Ces deux autrices sont donc parvenues à créer un véritable lien avec leur lectorat grâce à quelque chose de très spécifique à chacune d’elle.
Le conseil en + : essayez de définir ce qui vous rend unique, en marketing on appelle cela une USP (Unique Selling Proposition). Pour ma part, la plupart de mes lectrices ou lecteurs connaissent ma passion pour les cupcakes et la pâtisserie. J’essaie même parfois d’en dessiner dans mes dédicaces (avec plus ou moins de succès…).
La force de la newsletter
Autre outil particulièrement efficace pour entretenir sa communauté : la fameuse newsletter ! Pourquoi est-ce que cela fonctionne aussi bien ? Tout simplement parce que les abonnés ont l’impression de faire partie d’un club exclusif avec lequel on partage des informations secrètes ou des nouvelles avant tout le monde. Il y a un côté privilégié très agréable à être tenu au courant des nouveautés de son auteur préféré avant les autres (en tout cas, moi, j’adore ça) !
Si vous vous lancez dans l’aventure, gardez en tête la règle suivante : un seul sujet par newsletter. Une énorme tartine aura peu de chance de captiver les internautes alors essayez d’écrire entre 300 et 400 mots.
Le conseil en + : avec Mailchimp, vous pouvez créer et envoyer des newsletters très professionnelles. Pour constituer votre base d’abonnés, offrez-leur un cadeau (une nouvelle par exemple) !
Créer et entretenir sa communauté demande du temps mais c’est aussi très gratifiant, motivant et enrichissant. Dès que vous avez une idée de post, notez-la et essayez de définir une ligne qui vous est propre et qui vous permette de vous démarquer. Je le répète souvent : amusez-vous ! Ne vous mettez pas trop de pression quant à la régularité des posts, par exemple, et prenez du plaisir !

Caractéristiques de Cali Keys : adore les palmiers, les Bisounours, les Piña Colada et les fraises Tagada.
Lieu de vie : Suisse après un passage en Californie et des études à Paris.
Déteste se mouiller les chaussettes dans la salle de bains, terminer une boîte de biscuits (y en a plus après) changer le rouleau de papier toilette et arroser les plantes.
Côté édition, elle a publié son premier roman Mon Ex me colle à la peau en 2013 avant de travailler avec des éditeurs comme Milady, Prisma, Charleston, AdA et Hauteville. Son roman, L’amour à pleines dents ! a reçu le prix Diva de la meilleure romance 2017.
Ses genres de prédilection? La romance, la new romance, le new adult, le feel-good et la comédie romantique.
Elle a publié onze romans (et ne compte pas s’arrêter, elle est trop accro) et aime partager sa passion en animant des ateliers d’écriture. Depuis plus de 8 ans, elle soutient et accompagne des primo-romanciers dans leur désir d’écrire.
Elle a également animé la masterclass Romance pour Kobo et participe régulièrement à des tables rondes et des conférences sur l’art romanesque.