Conseils d'autoédition pour les auteurs | Kobo Writing Life France

Vivre de sa plume : bonne ou mauvaise idée ?

Aujourd’hui, nous allons aborder un point épineux concernant la relation des auteurs à l’argent et les différents aspects de la vie économique de ce métier si particulier. Quelles activités peuvent rémunérer les romanciers ? Combien peut-on espérer gagner grâce à un roman ? Ces points factuels pourront vous aider à élaborer une stratégie et décider si vous souhaitez vous lancer à 100 % dans l’écriture. C’est parti !

Droits d’auteur : la réalité du terrain 

L’avance sur droits ou à-valoir

Le milieu du livre est un milieu particulier (tiens donc !) dans lequel l’auteur est souvent tributaire de ses ventes pour gagner sa vie. Une fois que votre manuscrit a été accepté par une maison d’édition, pour autant que vous ayez opté pour le choix de l’édition traditionnelle, vous allez recevoir une proposition d’à-valoir, autrement dit une avance sur droits. 

Les petites maisons d’édition n’en proposent pas toujours par manque de moyens, d’ailleurs je n’en avais pas perçu pour mon premier roman. Par la suite, mes à-valoir ont évolué et j’ai pu toucher entre 1 000 et 5 000 euros d’avance selon les titres. Sachez, chers auteurs en herbe, que cette avance est acquise et qu’on ne vous demandera pas de la rembourser (même si le livre ne marche pas).

Les droits d’auteur dans l’édition traditionnelle

Parlons également des droits d’auteur, ce sont les droits qui vous sont dus pour l’exploitation de votre œuvre. En France, l’auteur touche la plupart du temps entre 5 et 10 % du prix de vente du livre hors taxe, avec parfois des paliers allant jusqu’à 12 ou 14 % si l’ouvrage se vend au-delà d’un certain nombre d’exemplaires (plus de 5 000 exemplaires, plus de 10 000, etc.).

Les comptes des éditeurs sont arrêtés au 31 décembre de chaque année et le calcul de vos droits, la fameuse reddition des comptes, vous sera envoyé dans les six mois suivants (eh oui, il faut être patient dans l’édition traditionnelle). Il faut savoir que vous toucherez de l’argent uniquement si la vente de votre titre a dépassé le montant de l’à-valoir déjà reçu. Par ailleurs, vous n’avez que peu de visibilités sur vos ventes… et vous serez payé une fois par an. Cette spécificité requiert une organisation particulière pour gérer son compte en banque et, autant se l’avouer, c’est loin d’être facile ! 

Les droits d’auteur en autoédition

Grâce à l’autoédition, un romancier peut toucher un pourcentage bien plus intéressant sur la vente de ses ouvrages et plus régulièrement (pour Kobo Writing Life, c’est 70 % du prix du vente) ! C’est très intéressant d’un point de vue financier mais il ne faut pas perdre de vue que vous allez devoir gérer votre publication comme un entrepreneur. Qu’est-ce que cela signifie exactement ? Vous allez devoir mettre la main à la pâte et gérer tout ce que l’éditeur fait habituellement : correction, mise en page, couverture et promotion.

Tout ce travail génère des frais importants qu’il ne faut pas négliger afin que votre roman soit le plus professionnel possible. Mais l’aventure demeure très formatrice, gratifiante et intéressante ! 

Côté raison : la pression financière 

Un pari risqué

Si l’on se positionne du côté rationnel et que l’on fait un rapide calcul basé sur les à-valoir moyens (entre 1 500 € et 3 000 € pour un premier roman selon le baromètre Scam/SGDL de 2018), on se rend vite à l’évidence : « Les calculs sont pas bons Kevin ! » (Comme Inès Reg, on attendra donc un peu pour mettre des moulures au plafond et des paillettes dans nos vies*.) 

Pour vivre de sa plume, en se basant uniquement sur les à-valoir, il faudrait ainsi être capable de publier plus d’un roman par année, ce qui demande un travail colossal. L’autrice Samantha Bailly n’a pas hésité à évoquer son burn-out sur les réseaux sociaux pour sensibiliser le public à la précarité des auteurs et aux difficiles conditions de vie des créateurs. Vouloir évoluer dans un milieu fluctuant, sans contrôle sur nos ventes potentielles et donc sur l’argent que l’on peut gagner met énormément de pression sur nos épaules. D’où cette question légitime : « Ai-je vraiment envie de vivre de ma plume ? »

Des difficultés face aux aléas de la vie

Les auteurs évoluent ainsi dans une jungle sans sécurité. Quand un romancier doit respecter un délai pour rendre un manuscrit et qu’il tombe malade… personne ne paiera pour son arrêt de travail et il devra faire face aux conséquences en cas de retard ou de non-rendu de son manuscrit à la maison d’édition en question (qui ne lui accordera peut-être plus sa confiance dans le futur). 

Samantha Bailly nous offre un autre exemple en évoquant des difficultés qu’elle a rencontrées avec son congé de maternité : lorsqu’elle est tombée enceinte, elle a dû refuser des contrats et craignait ainsi de perdre les liens professionnels qu’elle avait noués. Elle a également connu des déboires avec l’assurance maladie qui a tardé à lui verser ses indemnités. Vous pouvez lire l’article complet ici.

Des activités périphériques non rémunérées

Autre réalité du métier : les romanciers sont amenés à consacrer du temps aux dédicaces. Partir en salon est un acte défrayé par la plupart des maisons d’édition, ce qui signifie que celles-ci vont payer le trajet, l’hôtel et les repas de leurs auteurs. En revanche, le temps et l’énergie consacrée aux rencontres et à la signature ne sont pas rémunérés. Ce sont des activités que la plupart des auteurs apprécient car il s’agit d’une occasion unique de rencontrer son lectorat, mais il s’agit également d’une activité chronophage et non valorisée d’un point de vue pécuniaire.

Le métier d’auteur revêt également un aspect administratif important (lecture de contrats, justificatifs à demander, factures à préparer, suivi de paiements, impôts avec un statut particulier, gestion des mails…) et requièrt une implication de plus en plus conséquente dans les réseaux sociaux. Poster du contenu, préparer des Reels ou des stories, répondre aux commentaires des lecteurs fait désormais partie intégrante du jeu de l’édition…

Trouver un équilibre économique  

Pour ma part, j’ai fait un choix : je travaille à temps partiel dans la formation (de plus, j’adore ça !). Cela me permet de diversifier mes activités, de garder un pied dans la réalité et de percevoir un salaire fixe (ce qui retire une partie de la pression de l’indépendance). J’ai mis une dizaine d’années à trouver cet équilibre et, pour l’instant, il me convient parfaitement. 

De plus, le travail créatif est difficilement quantifiable, certains projets nécessitent beaucoup de recherche, d’autres exigent des réflexions poussées, d’autres encore des essais pour trouver la bonne structure ou le bon ton… Être auteur, ce n’est pas seulement écrire, c’est également prendre du temps pour réfléchir, pour cultiver son inspiration, pour se nourrir de la vie afin de pouvoir la retranscrire.

Côté passion : les multiples facettes du professionnel de l’écrit

Conserver une belle ouverture d’esprit

Si concilier « passion » et « rémunération suffisante » semble difficile, cela n’est heureusement pas impossible. Il convient de ne pas sous-estimer toutes les opportunités qui se présentent à ceux qui aiment manier la plume. Quand on travaille dans le milieu de la littérature, on a de multiples façons de gagner sa vie. Il y a ce roman qui vous prend aux tripes, qui évoque une thématique importante ou même primordiale pour vous, un projet de cœur qui va vous tenir éveillé la nuit, et puis il y a un autre type de projet : les mandats

Une maison d’édition peut parfaitement vous contacter pour vous proposer de travailler avec elle sur un ouvrage ou un thème en particulier. Ce sont des propositions très intéressantes et très formatrices qui peuvent, à mon sens, vous faire découvrir des ressources créatives insoupçonnées et vous faire développer de nouvelles méthodes d’écriture. Ces projets-là ne s’opposent pas aux projets de cœur, ils viennent les compléter et vous apporter l’assurance d’une rémunération. 

Diversifier ses activités

Une fois que vous aurez publié un manuscrit, vous verrez que cela vous ouvrira d’autres portes (à vous aussi d’aller chercher des opportunités et de faire des propositions !). Vous pouvez animer des ateliers d’écriture en tant qu’indépendant, intervenir dans des bibliothèques ou être invité à des salons du livre qui vous paieront pour participer à une conférence. 

Les rencontres scolaires ou les soirées littéraires représentent également une manière de gagner de l’argent, tout comme la rédaction d’articles pour des magazines spécialisés, des sites Internet ou des blogs. La rémunération touchée pour un roman n’est pas l’unique source qui vous permette de vivre de votre plume. 

Pour vous parler très concrètement de mon cas, l’écriture au sens large représente aujourd’hui la moitié de mes revenus annuels. J’anime des ateliers d’écriture (c’est merveilleux de rencontrer des gens qui partagent votre passion et que vous pouvez soutenir), j’écris des chroniques pour des sites Internet et j’interviens de plus en plus dans des bibliothèques pour des animations. 

Le mot de la fin

Pour planter une jolie graine d’espoir, j’ai envie de vous dire que tout est possible. Il est envisageable de gagner de l’argent en écrivant. Un roman qui se vend bien peut également générer des sommes conséquentes, que ce soit via des traductions à l’étranger ou des adaptations audiovisuelles. Qui n’a jamais rêvé de voir son histoire adaptée à la télévision et au cinéma ? Le milieu littéraire est un merveilleux générateur de rêves pour la majorité des écrivains. Mais un rêve… cela demande du travail ! Si vous souhaitez écrire et vivre de votre passion, gardez bien en tête que, comme le disait Xavier Dolan : « Tout est possible à qui rêve, ose, travaille et n’abandonne jamais. »


* Vous pouvez voir ou revoir cette vidéo devenue virale su YouTube : http://www.youtube.com/watch?v=UAn_3UAHuLo


Caractéristiques de Cali Keys : adore les palmiers, les Bisounours, les Piña Colada et les fraises Tagada.
Lieu de vie : Suisse après un passage en Californie et des études à Paris.

Déteste se mouiller les chaussettes dans la salle de bains, terminer une boîte de biscuits (y en a plus après) changer le rouleau de papier toilette et arroser les plantes.
Côté édition, elle a publié son premier roman Mon Ex me colle à la peau en 2013 avant de travailler avec des éditeurs comme Milady, Prisma, Charleston, AdA et Hauteville. Son roman, L’amour à pleines dents ! a reçu le prix Diva de la meilleure romance 2017.
Ses genres de prédilection? La romance, la new romance, le new adult, le feel-good et la comédie romantique.
Elle a publié onze romans (et ne compte pas s’arrêter, elle est trop accro) et aime partager sa passion en animant des ateliers d’écriture. Depuis plus de 8 ans, elle soutient et accompagne des primo-romanciers dans leur désir d’écrire.
Elle a également animé la masterclass Romance pour Kobo et participe régulièrement à des tables rondes et des conférences sur l’art romanesque.

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