Conseils d'autoédition pour les auteurs | Kobo Writing Life France

Le rôle d’un agent littéraire

Se lancer dans l’écriture d’un ouvrage demande à la fois de la volonté et de l’abnégation. Une fois le dernier mot écrit, il faudra vous intéresser à de nouvelles étapes aussi cruciales : celles menant à la publication de votre manuscrit.
Pour vous accompagner sur ce chemin, nous lançons cette année sur le blog une rubrique mensuelle dédiée aux conseils autour de l’édition. Pour cela, nous avons fait appel à Cali Keys, autrice éditée chez de nombreux éditeurs et qui a aussi goûté à l’autoédition dans son parcours. Après avoir accompagné nos lectrices et lecteurs pour le NaNoWriMo l’an passé, Cali va continuer à partager chaque mois son expérience avec nous dans des articles à l’enthousiasme communicatif.  


La première fois que j’ai entendu parler d’un agent littéraire, c’était en 2011. 
J’étais en train d’écrire mon premier roman (autant vous dire que j’étais complètement perdue face à l’ampleur de la tâche) et je m’étais inscrite à un atelier d’écriture à Paris animé par un agent littéraire. 
J’imaginais que les agents, comme pour les comédiens ou les musiciens, s’occupaient des stars et des auteurs étrangers. J’avais donc une vision très limitée de leur rôle dans tout le processus éditorial, d’autant plus qu’en France, ce métier n’était pas aussi connu que dans les pays anglo-saxons. 

Ces dernières années, j’ai l’impression que les agences littéraires ont véritablement pris leur place dans le milieu littéraire. On en parle davantage, on apprend et on appréhende de mieux en mieux leur travail et surtout… on se rend compte à quel point leurs fonctions revêtent une utilité et une importance dans la carrière d’un auteur. 

Que fait un agent ?

De manière très pragmatique, un agent représente les auteurs auprès des éditeurs, il gère et négocie leurs droits. C’est un professionnel qui connaît parfaitement le marché du livre et les attentes des éditeurs avec lesquels il travaille et qui se rémunère grâce à un pourcentage sur ce qu’il vend (aux alentours de 10 à 20%). Il peut également gérer les cessions poche, la durée d’un contrat, la revente à des éditeurs étrangers… c’est un véritable couteau suisse !


J’ai commencé à collaborer avec un agent parisien il y a deux ans (celui-là même qui avait animé le fameux atelier d’écriture auquel j’avais participé). Ce qui a changé concrètement ? Il a négocié une meilleure avance, a augmenté certains de mes droits (minimum 10% de droits d’auteur dorénavant pour moi) et il a gardé les droits d’adaptation audiovisuelle car il connaît bien le milieu et bénéficie de relations privilégiées avec des maisons de production.
Je vous avoue que je suis une quiche en négociation et qu’un contrat d’édition est, pour moi, aussi clair qu’une mare boueuse. Je ne comprends pas toutes les clauses ni leurs portées, et je ne suis pas une spécialiste du droit de la propriété intellectuelle. C’est donc un avantage énorme de pouvoir compter sur mon agent pour ces aspects spécifiques et cela me permet de me concentrer sur ce que j’aime le plus : écrire !

Un agent possède également un rôle d’accompagnateur qui vous rassure et vous soutient dans les démarches éditoriales. Une fois qu’il a accepté de travailler avec vous, il va se pencher sur votre texte et effectuer un premier travail éditorial avant de le proposer à ses contacts. Je ne vous cache pas que c’est parfois deux fois plus de boulot pour vous puisqu’il va falloir remettre l’ouvrage sur le métier avec l’éditeur, une fois celui-ci convaincu par votre projet. Chaque intermédiaire a une vision particulière, chaque intervenant enrichit votre roman. Il n’en sera que meilleur à la fin !
Ce qui m’a beaucoup plu également ? La vision sur le long terme qu’il vous propose. Mon agent m’a confié depuis le début : « un agent ne travaille pas sur un roman, il travaille sur une carrière ». Une fois que vous avez décroché un contrat avec un agent, vous n’êtes plus seul à gérer votre futur. Pour moi, cela m’a apporté une grande confiance dans la suite de mon parcours et une forme de légitimité. Avoir quelqu’un d’extérieur qui croit en votre longévité d’auteur, c’est extrêmement précieux et porteur. 
La collaboration avec un agent ne vous empêche pas non plus de mener votre carrière en solo pour certains projets. De mon côté, on m’a proposé des mandats que j’ai acceptés et je m’occupe donc de les mener à bien sans faire intervenir systématiquement mon agent. 

Un autre point non négligeable qui peut vous apporter plus de sérénité ? Dans la carrière d’un romancier, il arrive que celui-ci doive réclamer ses relevés de vente, autrement appelés les redditions de compte. Chaque année, au 31 décembre généralement, votre éditeur effectue un décompte des livres vendus et doit, selon votre contrat, vous le transmettre quelques mois plus tard avant de vous régler vos droits (pour autant que vous ayez dépassé le montant de l’à-valoir perçu à la signature).
La bonne nouvelle ? Votre agent gère également cette partie-là du business. Et pour votre santé mentale, croyez-moi, c’est un énorme avantage !

« Dans un sens, les intérêts sont convergents. Un éditeur a besoin d’un écrivain, car c’est bien le produit qu’il vend. Un écrivain a besoin de quelqu’un qui connaît le public et qui puisse commercialiser son œuvre artistique. Mon travail consiste à ce que les intérêts de l’écrivain ne soient pas lésés dans cette collaboration, et qu’il soit rémunéré à son juste droit. Il faut donc, sinon un fort caractère, du moins l’énergie et l’autorité pour ne pas s’en laisser compter, si j’ose dire ! ».

François Samuelson dans une interview en 2021 sur son rôle d’agent

Comment trouver un agent ?

En France, il existe plusieurs agences connues (Pierre Astier et Laure Pécher, Susanna Lea qui représente Marc Levy, la star François Samuelson qui s’occupe de certains gros poissons à l’instar de Michel Houellebecq, Virginie Despentes ou encore Fred Vargas, Leor, Kalligram qui soutient Angela Morelli ou Lucie Castel…). Sur Internet, vous pourrez en trouver d’autres et il vous faudra tout d’abord effectuer un tri en fonction du genre de vos romans afin de cibler l’agent qui pourrait se montrer intéressé à vous représenter. 
Comme pour un éditeur, vous pourrez ensuite lui transmettre votre manuscrit avec une présentation de vous et un synopsis de votre œuvre afin que celui-ci puisse juger si votre travail lui correspond et s’il peut le défendre auprès des éditeurs. 
Vous trouverez les contacts et les conditions d’envoi (celles-ci sont souvent spécifiques à chacun) sur les sites Internet des agences. La majorité d’entre elles acceptent vos projets par mail.

Au début de ma carrière, je pensais qu’il fallait être connu ou qu’il fallait justifier de gros volumes de vente pour bénéficier des conseils et du travail d’un agent. Que nenni !
Vous n’avez pas besoin d’être célèbre ou d’avoir déjà publié des romans pour tenter votre chance auprès d’un agent. L’agence Astier-Pécher par exemple, soutient et encourage les primo-romanciers dans cette démarche avec ces mots :

« L’agence s’est engagée dès sa création auprès des jeunes auteurs ou des auteurs débutants. Elle a mis en place des ateliers d’écriture uniques en France destinés à accompagner des auteurs de roman débutants. Chaque année, elle fait entrer dans sa liste un premier roman. »

Astier-Pécher Literary & Film Agency

Comment en suis-je venu à signer dans une agence ? Depuis l’atelier d’écriture que j’ai évoqué plus haut, j’ai toujours gardé un lien avec cet agent et je l’ai parfois sollicité pour des conseils. Un beau jour, j’ai entamé un travail sur un roman feel-good et je lui en ai parlé à l’occasion d’un salon du livre. Il m’a demandé de lui envoyer le manuscrit, il l’a lu puis m’a proposé d’intégrer l’agence ! J’ai beaucoup travaillé sur ce texte grâce à lui, ce roman me tenait particulièrement à cœur et j’avais envie qu’il puisse sortir dans les meilleures conditions possibles. Vous savez quoi ? La bibliothèque des bienheureux a été publié en septembre dernier aux Éditions Hauteville.

La collaboration avec un agent

La collaboration avec un agent ne signifie pas que le chemin sera forcément facile pour trouver un éditeur. J’ai également eu droit à mon lot de remises en question et à de gros doutes par rapport à mon roman malgré le soutien sans faille de l’agence. Certains éditeurs refuseront votre projet, certains ne seront pas touchés par votre histoire, certains même vous feront des retours difficiles à gérer mais c’est la loi du marché de l’édition. On m’a souvent répété durant ma carrière « le non est normal, le oui est exceptionnel ». L’une des qualités d’un romancier et d’un agent, c’est la persévérance. Vous pourrez toutefois compter sur l’honnêteté de votre partenaire dans ce chemin du combattant tout comme vous pourrez compter sur son énergie et sur la confiance qu’il vous a démontrée pour avancer. 
Mon agent a toujours été présent pour moi, il m’a toujours accordé du temps pour répondre à mes questions ou à mes interrogations malgré le fait que je sois, il faut l’avouer, un petit poisson dans son panel d’auteurs reconnus et talentueux (ils travaillent tout de même avec le Prix Goncourt 2020, ce qui m’impressionne beaucoup).

Avoir l’opportunité de collaborer avec un agent m’a aussi aidée à prendre conscience qu’écrire et publier des romans est un vrai métier. S’entourer de professionnels qui revendiquent des conditions justes pour l’auteur participe au changement de la vision de cet art. Le livre est également un objet économique qui s’inscrit dans un circuit et donc une industrie certes complexe mais qui vit du commerce de nos histoires. 

Collaborer avec un agent pour un auteur, c’est également la chance d’être accompagné dans sa carrière, de recevoir des conseils et surtout… de pouvoir se concentrer sur l’essentiel : créer et écrire. C’est pour cela que nous sommes faits, pas vrai ?


Caractéristiques de Cali Keys : adore les palmiers, les Bisounours, les Piña Colada et les fraises Tagada.
Lieu de vie : Suisse après un passage en Californie et des études à Paris.

Déteste se mouiller les chaussettes dans la salle de bains, terminer une boîte de biscuits (y en a plus après) changer le rouleau de papier toilette et arroser les plantes.
Côté édition, elle a publié son premier roman Mon Ex me colle à la peau en 2013 avant de travailler avec des éditeurs comme Milady, Prisma, Charleston, AdA et Hauteville. Son roman, L’amour à pleines dents ! a reçu le prix Diva de la meilleure romance 2017.
Ses genres de prédilection? La romance, la new romance, le new adult, le feel-good et la comédie romantique.
Elle a publié onze romans (et ne compte pas s’arrêter, elle est trop accro) et aime partager sa passion en animant des ateliers d’écriture. Depuis plus de 8 ans, elle soutient et accompagne des primo-romanciers dans leur désir d’écrire.
Elle a également animé la masterclass Romance pour Kobo et participe régulièrement à des tables rondes et des conférences sur l’art romanesque.

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