On ne présente plus Aurélie Valognes, l’auteure du best-seller Mémé dans les orties, suivi d’autres grands succès tels que En voiture, Simone !, Minute, Papillon ! ou son dernier opus Au petit bonheur la chance ! Avec ses personnages attachants, ses titres qui font mouche et ses couvertures reconnaissables entre mille, Aurélie Valognes s’est créé un véritable univers d’écrivain, embarquant avec elle des millions de lecteurs et lectrices au fil de ses histoires. A l’occasion de l’arrivée de son catalogue sur Kobo Writing Life, nous lui avons posé quelques questions pour tout savoir de ses goûts littéraires, ses sources d’inspiration et sa pratique de l’écriture. Rencontre avec une romancière qui a trouvé sa voix/e…

Quand avez-vous découvert votre passion pour l’écriture ?
La lecture de mon premier livre à 6 ans a été une révélation. J’ai même écrit une lettre à ma grand-mère (qui m’avait offert le roman, L’histoire sans fin) pour lui dire: « j’ai bien réfléchi, quand je serai grande, je serai écrivain ». Finalement, je ne m’en suis souvenue qu’à 30 ans (après avoir écouté Papa et Maman – « passe ton bac d’abord, fais de belles études commerciales, aies un bon métier » – pendant 10 ans) lors d’une période électrochoc de ma vie (perte d’une de mes cousines, un baby-blues et démission pré burn-out). J’ai fini par écrire l’histoire dont j’avais besoin : drôle, optimiste, émouvante, contemporaine. Mémé dans les orties était né.
Y a-t-il un livre en particulier qui vous a donné l’envie d’écrire ? Quels sont les auteurs ou les livres qui vous ont inspiré ?
Je suis une lectrice avant d’être une romancière. Enfant, munie de 2 cartes de bibliothèque, j’ai tout englouti (bibliothèques rose et verte, tous les Jack London et Roald Dahl notamment) avec un souvenir ému pour Les quatre filles du Dr March. Je n’ai osé lire des livres contemporains qu’au collège, en entrant pour la première fois dans une librairie pour L’Alchimiste. Les livres ont toujours eu un rôle primordial dans ma vie, et j’en dévore une cinquantaine par an. Aujourd’hui, les auteurs que j’adore sont Romain Gary, Eric-Emmanuel Schmitt, Annie Ernaux, Carole Fives, et toujours Jack London, pour la justesse des émotions et la prépondérance des liens familiaux.
Où puisez-vous l’inspiration ?
Ma famille est ma plus grande source d’inspiration, les journaux, les reportages de société aussi. Il y a toujours un peu (ou beaucoup) de moi dans chacun de mes personnages.
Pourriez-vous nous décrire une journée d’écriture type ? Avez-vous des rituels ?
Je n’écris jamais à la maison, mais toujours dans des cafés. J’ai besoin de me sentir entourée, portée par le monde qui bouge et vit autour de moi. La musique ne me gêne pas. Je dépose les enfants à l’école à 8h et les récupère à 16h30 : j’ai donc 8 heures de travail devant moi. Je commence par lire les journaux en sirotant mon cappuccino et prenant des notes, puis je relis mes chapitres de la veille, les corrige et c’est parti pour la suite.
Quelle est votre astuce pour contrer l’angoisse de la page blanche ?
Je n’ai jamais peur de la panne d’inspiration car je commence toujours par avancer sur des carnets, parfois sur plusieurs romans en parallèle, jusqu’à obtenir un plan très détaillé. Quand l’un d’entre eux me brûle les doigts, tellement l’histoire est prête, je sais que c’est le moment d’ouvrir l’ordinateur et de laisser sortir. Et là, ça peut aller vite. Si on a encore peur de la page blanche, un conseil pratique : changer la couleur de fond de la page sur Word. La mienne est anthracite : je trouve cela moins solennel ou effrayant.
Comment vous est venue l’intrigue de votre premier roman Mémé dans les orties ?
Par hasard, je n’y ai pas réfléchi (l’histoire s’est imposée à moi), et heureusement, car on m’a dit après coup que « les personnes âgées ce n’était pas bankable ». Mémé vient de souffler ses 100 bougies (100e semaine dans le Top20 des meilleures ventes – source GfK)… et les histoires de nos ancêtres écrites par d’autres auteurs se multiplient : j’ai bien fait !
Quel est le meilleur conseil que vous ayez reçu en tant qu’écrivain ?
Un conseil que l’on ne m’a pas donné mais que j’aurais aimé recevoir : rester soi-même, écrire pour soi d’abord, trouver sa propre voix (et voie), s’émanciper des grands auteurs historiques (parfois écrasants), et sentir que l’on a le droit d’exister, même si l’on propose une approche différente.
Et vous, quel conseil donneriez-vous à un auteur qui souhaiterait se lancer dans l’écriture ?
D’oser, essayer de vivre son rêve car personne d’autre ne réalisera votre rêve à votre place. Si cela marche, ce n’est que du bonus, si cela ne prend pas du premier coup, vous aurez appris quelque chose pour la suite. Il faut se promettre d’aller jusqu’au bout même si on a l’impression d’écrire un grand navet. Et surtout se fixer une date de fin (sinon on peut rester bloqué à retravailler le même roman indéfiniment) – date à laquelle on n’y touche plus, et on fait lire (par un proche, un éditeur, un correcteur ou des lecteurs).
Que lisez-vous en ce moment ?
Je viens de finir un roman (Nous rêvions juste de liberté, d’Henri Loevenbruck) et je suis dans la phase frustrante : trop de livres géniaux à lire et pas assez de temps.
Avez-vous un genre de prédilection ?
Non aucun, je suis curieuse de tout (sauf des histoires d’amour). J’adore les romans : j’aime vivre de très fortes émotions et voyager. Souvent j’ai besoin de lire des choses sombres (pas tristes à pleurer pour autant), comme récemment La route (Cormac McCarthy), Martin Eden (Jack London), Le lambeau (Philippe Lançon), Jours sans faim (Lou Delvig – alias Delphine de Vigan), Grand frère (Mahir Guven), etc.
Pourriez-vous nous dire un mot de votre nouveau projet ?
Mon 5e roman est fini. J’en suis très contente. Les lecteurs y retrouveront le portrait réaliste, drôle et émouvant d’une famille en plein questionnement dans les méandres de notre société contemporaine. Le titre et la couverture sont en cours d’élaboration, et seront cohérents avec mes précédents romans. Il paraîtra au printemps 2019.
Pour finir, quelle citation vous représente le mieux ?
« Oublie que tu n’as aucune chance, vas-y, fonce ! Sur un malentendu, ça peut marcher ! »
Jean-Claude Duss, Les Bronzés
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