Pour la première fois dans l’histoire de l’ebook, un chat a écrit un livre et l’a autoédité ! L’équipe Kobo Writing Life, toujours à l’affût des tendances, a voulu en savoir plus sur ce coup de maître réalisé par Giggles, avec la complicité de Florian, son heureux propriétaire.
Bonjour Florian, ou plutôt Giggles ! A vrai dire, à qui exactement avons-nous affaire ? Peux-tu te présenter pour nos lecteurs ?
C’est Giggles qui dicte et moi, Florian, qui écrit. On le sait tous, les chats n’ont pas des maîtres, mais des esclaves !
En ce qui concerne Giggles, c’est un chat qui existe réellement : c’est vraiment le mien et mis à part qu’il est au régime depuis sa naissance, c’est lui qui m’a inspiré tous ces drôles de livres. Pour ma part, je suis auteur de romans policiers, mais que voulez-vous, quand on a un chat, l’humour fait forcément partie du tableau, alors j’essaye également de faire rire avec les frasques de Giggles.
Revenons un instant sur la naissance de Giggles : ceci est le troisième opus à sa gloire. Ce chat est décidément bien prolixe… Qu’est-ce qui fait son succès, au-delà du fait que les chats sont des superstars du web ?
Tout a commencé avec un blog pour faire marrer les copains. Je suis rentré chez moi un jour et je me suis demandé ce que ça ferait si Giggles avait un téléphone portable et qu’on pouvait s’écrire des textos. J’ai donc imaginé nos échanges sous formes de copie d’écran de conversations SMS et je postais ça sur internet. Et un jour, ça a littéralement explosé ! Des blogs influents et des personnalités commençaient à reposter mes blagues, je n’en croyais pas mes yeux. Très vite, j’ai été contacté par des maisons d’édition pour en faire une version papier. C’est là que l’aventure a vraiment démarré. Il y a eu Mon chat est un #geek comme les autres, puis le Journal intime d’un chat en manque de croquettes et enfin Le livre dont vous êtes le chat. J’espère que ce n’est que le début !
Le troisième volet des aventures de Giggles et son maître s’intitule donc Le livre dont vous êtes le chat. Faut-il être un rôliste convaincu pour apprécier ta dernière publication ? Question subsidiaire : faut-il avoir un chat pour saisir le sel et la saveur de certaines situations décrites dans ton livre ?
Pas besoin d’avoir passé son adolescence à jouer à « Donjons & Dragons » pour lire ce troisième opus. Il s’agit d’un livre dont vous êtes le héros – concept dont j’étais fan étant plus jeune – mais à la sauce Giggles. On est là pour rire, mais cette fois-ci, le lecteur est véritablement actif. C’est lui qui décide de la suite de l’histoire, car après chaque chapitre, il est face à un choix qu’il doit suivre selon son instinct. Il faut penser comme un chat en surpoids, mais pas besoin d’en avoir un pour s’immerger dans l’histoire. L’humour est souvent tellement absurde qu’il suffit de se laisser guider et pour le reste, tout est indiqué !
Les digital natives ne s’en souviennent probablement pas mais… Il fut un temps où l’on jouait aux jeux de rôle avec un livre et un dé. Qu’est-ce qui change avec l’ebook ? As-tu découvert de nouvelles possibilités de réinventer le livre dont vous êtes le héros à travers cette publication ?
Excellente question que je me suis moi-même posée ! Effectivement, tout l’avantage du livre numérique réside dans le fait qu’il suffit de poser son doigt sur le lien pour y être conduit sans faire aucun effort ! Je pensais vraiment qu’il y aurait un renouveau du genre… mais non. Si ça se trouve, je vais relancer la mode ! (c’est Giggles qui parle là). À l’ère des tablettes, il y a beaucoup de choses possibles pour ajouter du contenu aux livres dont vous êtes le héros (vidéos, son, animations, etc.), mais j’ai justement voulu conserver une simplicité avec celui-ci afin qu’il soit lu même avec la plus antique des liseuses ! Le seul fait de ne pas avoir à tourner les pages ou à les corner pour se souvenir où on était est pour moi vraiment magique et la lecture d’un ebook dont vous êtes le héros est des plus agréables, je vous jure !
Un autre point intéressant dans votre parcours à tous les deux est que ce troisième volet des aventures de Giggles paraît en autoédition après des débuts dans l’édition traditionnelle. Pourquoi ce changement ?
C’est le premier volet des aventures de Giggles qui m’a mis un pied dans l’édition traditionnelle et en fin de compte, quand il est sorti, je me suis rendu compte que j’avais tout fait de A à Z (écriture, mise en page, éléments graphiques, etc.). Du coup, je me suis dit que j’avais les capacités pour me plonger dans l’autoédition, ce qui m’a jusque-là plutôt réussi puisque je suis désormais écrivain à plein temps (Giggles me dit de bien répéter que c’est grâce à lui). J’ai attendu d’avoir assez d’expérience en autoédition pour proposer à l’éditeur de Giggles de conserver mes droits pour la version numérique, ce qu’il a accepté. Je pense que c’est important de ne pas mettre tous ses œufs dans un même panier, l’équilibre d’un auteur est fragile et il peut changer à tout moment. Je me sens bien en tant qu’auteur hybride, car ça me laisse la liberté d’aller vers ce que je pense être la meilleure solution pour chaque nouvelle œuvre.
Tu n’écris pas uniquement des livres d’humour sur les chats. Tu es également auteur de polar. Comment abordes-tu ces deux genres très différents, tant dans l’écriture que dans la promotion de tes ouvrages ?
C’est un vrai grand écart et ça me force à endosser plusieurs casquettes. Il y a Florian Dennisson, l’auteur de polars, et Florian, le maître de Giggles qui accessoirement écrit ses livres. Il y a donc deux axes de communication bien distincts et, a priori, qui ne se rejoignent qu’à de très rares occasions. Ça me procure un grand bonheur, car ça me permet de souffler, quand j’en ai marre de l’un, je passe à l’autre et vice-versa. Je pense à un auteur comme Gilles Legardinier qui a réussi le difficile pari de montrer ses deux faces au public, ce qui me donne espoir qu’un jour, je puisse parler de l’un et de l’autre sans que cela génère de la confusion pour mes lecteurs.
Tu publies sous la marque Chambre noire. Pourquoi avoir créé une maison d’édition ?
Je n’ai pas l’habitude de faire les choses à moitié, du coup, le jour où j’ai décidé de sortir mon premier polar en autoédition, je me suis dit que j’allais m’y lancer à fond et carrément monter ma propre structure. Ça me permettait de mettre une étiquette plus « professionnelle » sur le roman d’un inconnu et surtout, ça me donnerait par la suite la possibilité de sortir d’autres auteurs (ce qui est le gros projet pour 2019). Chambre Noire est donc née il y a 3 ans et j’aime résumer sa ligne éditoriale à : « la littérature du suspense ». Pas une seule seconde je ne regrette cette formidable aventure, même si la gestion d’une société quand on est tout seul n’a rien d’une sinécure !
Tu viens de l’univers de la musique et ton expérience te sert aujourd’hui dans la production de livres audio : en quoi cela peut-il être un atout ? Quelles sont les points indispensables à connaître aujourd’hui sur l’audiobook pour un auteur indé ?
Voilà une autre raison pour laquelle j’ai monté Chambre Noire : les livres audio ! Ma première vie s’est faite de musique, d’albums studio et de concerts, c’est pourquoi j’ai aujourd’hui le bagage technique pour produire mes propres livres audio. Avec les années, je me suis équipé pour enregistrer mes propres groupes et ça me sert désormais pour produire mes romans en version audio. Je trouve qu’un livre lu par son auteur a quelque chose de magique et je conseille d’ailleurs aux auteurs indépendants de se lancer dans l’aventure ! Il existe quelques formations et des vidéos tutorielles sur Internet pour se faire accompagner et j’invite tout le monde à faire des recherches pour trouver la méthode adéquate pour se lancer. En attendant, mes principaux conseils seraient tout d’abord d’écouter beaucoup de livres audio afin de comprendre comment ils sont réalisés et lus, et dans un second temps, de bien aménager sa pièce d’enregistrement car c’est ça qui va faire toute la différence, peu importe le prix du micro ou du matériel. Comme on disait à l’époque en studio : shit in, shit out (ça passe mieux en anglais !)
À ce propos, en marge de sa formation pour créer son livre audio, Cyril Godefroy relance son podcast avec une orientation vers le livre audio. Je me suis donc lancé dans l’aventure du podcast avec Cyril : nous reviendrons très prochainement sur toutes ces problématiques, et sur le livre audio en général qui, pour moi, a un très bel avenir devant lui.
Merci à Giggles et Florian d’avoir levé le voile sur leur collaboration en répondant à nos questions. Et vous, avez-vous une relation particulière avec votre animal de compagnie préféré, qui serait une source d’inspiration pour votre imagination d’auteur ? Racontez-nous tout dans les commentaires !
Pour se mettre dans la peau d’un chat en surpoids qui vit des aventures intrépides, c’est ici.
Pour en savoir plus sur le podcast de Cyril et Florian sur le livre audio, c’est là.